Inimaginables aujourd’hui, les expositions anthropologiques ou
« zoos humains » étaient monnaie courante à la fin du XIXe siècle. A l’instar de beaucoup de villes, Poitiers a aussi accueilli son « village noir » en 1899. L’événement fera l’objet d’une conférence mercredi à l’Espace Mendès-France, à Poitiers.
Poitiers. Juin 1899. Quelque 200 000 visiteurs se pressent pour découvrir « le village noir »
de passage en ville sur le terrain de la Madeleine, à côté du parc de Blossac. L’événement est accessible : 1 franc pour les adultes, 50 centimes pour les enfants. Les spectateurs y observent des hommes, des femmes et des enfants originaires du Sénégal et de l’actuel Mali, mis en scène dans des décors faits de huttes, de plantes et de points d’eau. Mercredi, l’historien spécialiste du sujet Pascal Blanchard reviendra sur l’histoire de ce
« village noir » lors d’une conférence à l’Espace Mendès-France, à Poitiers. Une manière pour lui d’introduire la question des
« zoos humains » en Occident et leurs contextes. Ces expositions, très en vogue à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, visaient à reproduire des villages des colonies en observant leurs habitants, « payés pour jouer au sauvage » à travers des scènes de vie et des spectacles, avec comme objectif d’émerveiller le public.
« L’invention
du sauvage »
Si aujourd’hui le concept semble inconcevable et choquant, l’opinion était bien différente autrefois. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne voyageait pas à l’époque. La plupart des Français ne quittaient jamais le pays. Ces villages apportaient alors une forme d’exotisme, explique l’historien. Si un jour on vous disait que vous pouviez observer des petits bonshommes verts, vous refuseriez ? C’était inimaginable de ne pas y aller ». A l’origine, ces événements portaient le nom « d’expositions anthropologiques ». Les termes
« villages noirs », « ethnic show »
ou encore « zoos humains » ont
été donnés, a posteriori, par les scientifiques. Lors de sa conférence, Pascal Blanchard amènera le public à s’interroger sur le regard porté sur l’autre et la création du concept presque universel du « sauvage ». En effet, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ces « zoos humains »
ont existé au-delà de l’Europe et n’exposaient pas seulement les populations d’Afrique. « Au Japon, par exemple, on y exposait des blancs. » Cette conférence permettra de compléter l’exposition « Zoos humains, l’invention du sauvage », prévue à l’Espace Mendès-France du
5 novembre au 1er décembre.
Conférence « 1899 : un zoo humain à Poitiers », par l’historien Pascal Blanchard, mercredi, à 18h30 à l’Espace Mendès-France. Tous publics. Gratuit. Réservation et renseignements sur emf.fr.
Les Chinois grands oubliés de l’astronomie
Ptolémée, Copernic, Galilée ou encore Newton, tous ces noms vous disent probablement quelque chose. Mais citer un astronome chinois s’avère un peu plus complexe. Et pour cause, la majorité des Occidentaux ignorent que la Chine possède de solides connaissances du ciel, et ce depuis plus de 4 000 ans. Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien au CEA (Commissariat à l'énergie atomique), remontera le temps pour explorer ces quatre millénaires d’astronomie chinoise lors d’une conférence à l’Espace Mendès-France, jeudi 14 novembre prochain, à 20h30. Découverte des taches solaires, des trajectoires des comètes, du phénomène d’explosion des étoiles en fin de vie et création des premiers observatoires, le scientifique reviendra sur les contributions majeures de l’astronomie chinoise, ignorée des Européens. Il invitera également à s’interroger sur l’impact qu’ont pu avoir ces observations sur la science mais aussi sur la culture et la politique chinoises.
Tous publics. Gratuit. Réservations et renseignements
sur emf.fr.
Crédit : Fonds Simmat