Figures incontournables de la médecine et essentiels dans le diagnostic, les manipulateurs radio ne sont pas assez nombreux. Professionnels et formateurs se relèvent les manches pour répondre à cette problématique.
« On a tous eu besoin de passer une IRM, un scanner ou une radio au moins une fois dans notre vie. » Françoise Guilloteau, directrice de l’Institut de formation de manipulateurs d'électroradiologie médicale (IFMEM) du CHU de Poitiers, rappelle une évidence. Pourtant, le métier de manipulateur en radiologie, ou « manip’ radio »,
reste méconnu. Souvent confondus avec les infirmiers ou les médecins, ces professionnels sont d’une grande polyvalence et « s’adaptent à des machines toujours plus performantes ». Accueillir le patient, le rassurer, faire les injections si nécessaires et réaliser les examens, IRM, scanner, radiographie, radiothérapie... « Ils
ont une place centrale dans le parcours de soins. Les machines sont un accessoire, un outil qui leur permettent de participer au diagnostic ou traiter des maladies avec la radiothérapie. » Leur rôle crucial auprès des patients n’a hélas d’égal que le manque d’effectifs.
Répondre à une
situation préoccupante
Au CHU de Poitiers, le constat est alarmant. « Il manque vingt manipulateurs radio pour faire tourner les différents secteurs. On a du mal à recruter et aucun CV sous le coude », déplore Fabien Voix, cadre supérieur de santé du pôle imagerie. En cause, un « problème d’attractivité de la profession, une désillusion » mais aussi des fichiers obsolètes. « En 2018, on annonçait plus de 4 000 nouveaux manip’ radio en France alors qu’il s’agissait d’anciens professionnels de plus de
65 ans qui n’avaient pas été radiés des listes. » Pour enrayer cette pénurie, l’IFMEM du CHU de Poitiers a augmenté ses capacités d’accueil. « On est dans l’urgence de former de nouveaux professionnels. Nous avons 40 étudiants en 1re année contre 25 habituellement », indique Françoise Guilloteau. Les étudiants issus de filières scientifiques, de bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) et STL (sciences et technologies de laboratoire) sont sélectionnés via Parcoursup ou via des passerelles. Pendant trois ans, ils alternent entre théorie et pratique, notamment grâce à de nombreux stages qui leur permettent de découvrir les différentes spécialités. « Ce qui attire, c’est la diversité du métier, la technique et l’aspect psychologique selon l’appareil manipulé. » Étudiante en
2e année, Solène s’est naturellement tournée vers cette formation pour savoir ce qui se passait de l’autre côté.
« J’ai eu cinq luxations. J’en ai eu un peu marre d’être sur la table d’examen. » L’ouverture de nouvelles écoles en France et l’augmentation des effectifs d’étudiants devraient porter leurs fruits d’ici cinq ans.
DR CHU de Poitiers