Pour un monde meilleur

Le Regard de la semaine est signé Lionel Bertrand.

Le7.info

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Il y a plusieurs centaines de milliers d’années, alors qu’un de nos ancêtres dépeçait tranquillement un mammouth, un lion des cavernes pouvait surgir à tout moment. En moins d’un dixième de seconde, un mécanisme de défense s’activait en lui, mobilisant toute son énergie pour la lutte ou la fuite. Ce mécanisme existe encore aujourd’hui et conserve son utilité face à un danger mortel.

Dans de tels moments, il n’est plus question de lien avec l’autre, d’empathie, ni de construire ensemble un futur commun. Toutes ces aptitudes sont mises en veille au profit de la survie individuelle. Notre pensée se transforme : l’autre devient un ennemi, il nous faut vaincre pour ne pas être vaincu. Nous entrons dans une rigidité qui, bien qu’elle puisse donner des résultats immédiats, s’avère souvent contre-productive, regrettable et même destructrice à long terme. Nous redevenons 
« bêtes » : moins intelligents et, surtout, moins humains.

Aujourd’hui, les lions des cavernes ont disparu et les situations de menace mortelle sont rares. Pourtant, ce même mécanisme continue de s’activer en nous plusieurs fois par jour, souvent à notre insu : face à une déception, une irritation ou une inquiétude. Si nous décidons d’agir à ce moment-là, même animés des meilleures intentions (plus de sécurité, plus de respect), nous risquons de créer plus de désordre, de souffrance et de nouveaux problèmes.

Agir est important, mais il est essentiel de choisir le bon moment : celui où nous avons retrouvé notre calme intérieur, où nous sommes capables de nous ouvrir à d’autres points de vue, et où nous pouvons nous intéresser à ce que l’autre vit également.

Notre société est traversée par de nombreux sujets d’inquiétude. A divers niveaux, les risques et menaces sont visibles et nos institutions semblent parfois inopérantes face à eux. Pourtant, le véritable danger ne réside pas tant dans ces menaces réelles que dans notre propension à activer ces mécanismes de défense, nous rendant incapables d’écouter, de comprendre ce que vivent les autres et de trouver des solutions collectives. Nous sommes alors tentés de choisir des réponses immédiates, radicales, souvent inadaptées et déshumanisantes.

De nouvelles réponses sont certes nécessaires, et rapidement, mais pour cela nous devons mobiliser toutes nos capacités individuelles et collectives. Pour agir avec force, détermination, ouverture, empathie, courage et écoute, nous devons avant tout nous assurer de rester en contact avec notre calme intérieur, notre aptitude à nous ouvrir aux autres et à échanger.

CV express
J’aime : mes deux merveilleux enfants, le Centre des jeunes dirigeants, le théâtre d’impro, la rando, les relations authentiques, la place qu’elles offrent à la vulnérabilité et ce qu’elles permettent de faire émerger de beau, de juste.

J’aime pas : les relations de pouvoir qui abîment et bloquent le développement, la domination, le chantage, la vengeance, la fermeture, le rejet, la victimisation, la culpabilisation.  

 

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