Quand enfance rime avec souffrance

Avec l’ouverture de la Maison de l’enfant et de la famille à Poitiers, la Vienne se démarque une nouvelle fois en matière de santé mentale. Un soutien indispensable pour des enfants sujets à un mal-être croissant.

Charlotte Cresson

Le7.info

« Les enfants vont mal, il est urgent d’agir. » Ces mots, prononcés par Benjamin Daviller, directeur de la délégation départementale de l'Agence régionale de santé (ARS), révèlent la gravité de la situation. La santé mentale des plus jeunes se dégrade et les prescriptions de médicaments augmentent. « Les antidépresseurs restent rares chez les enfants. Mais il y a effectivement des prescriptions de psychotropes et d’anxiolytiques », 
précise le professeur Ludovic Gicquel, chef du pôle universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent du centre hospitalier Laborit (CHL). 


Troubles du comportement, retrait, régression dans la propreté… Les signaux émis par un enfant en détresse sont nombreux. Si la crise du Covid-19 a contribué à fragiliser les plus jeunes, elle n’est pas le seul facteur. « La société génère son lot de souffrances. Les enfants se retrouvent exposés et leurs capacités à pouvoir faire face sont dépassées. » De leur côté, les parents sont bien souvent démunis. « Il est important de demander régulièrement à l’enfant si tout va bien. Ça lui montre que l’on se soucie et ça remet l’adulte dans la boucle. » Et comme « il n’y a pas de bonne santé mentale des enfants si l’environnement familial est fragile »,
 des structures de la Vienne, comme l’association « Les pâtes au beurre » à Buxerolles et Gençay, permettent d’accompagner les parents. « On y propose un accueil groupal gratuit, anonyme et sans rendez-vous par des professionnels de la vie psychique, indique la psychologue clinicienne Claire Trossais. L’idée est de soutenir les parents qui ont souvent leurs propres bagages, mais sans se substituer à un lieu de soins. » Les besoins en termes de santé mentale augmentent mais se heurtent à certains obstacles. « Il y a entre six mois et un an de délai pour obtenir un rendez-vous avec un professionnel. La hausse des prescriptions de psychotropes par les généralistes reflète d’ailleurs le manque d’accessibilité des psychothérapies », déplore le Pr Gicquel. 


La Vienne pionnière

Pourtant, « le département se démarque pour son implication dans la psychiatrie », insiste Anne-Florence Bourat, présidente du conseil de surveillance du CHL. La Vienne offre en effet de solides dispositifs récemment complétés par la Maison de l’enfant et de la famille (les 1res Assises sur la santé de l'enfant et de l'adolescent se sont déroulées la semaine dernière), située à deux pas de son homologue destinée aux adolescents et jeunes adultes sur la place Notre-Dame de Poitiers. « Véritable révolution » aux yeux de Xavier Etcheverry, directeur du CHL, cette structure, troisième du genre en France, permet aux enfants de 3 à 11 ans de bénéficier gratuitement d’une évaluation psychique et somatique et d’une orientation vers une prise en charge adaptée. Rendez-vous dans trois ans pour le bilan de cette expérimentation.

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