« Groupes de besoins » : les premiers retours

L’annonce de la mise en place de « groupes de besoins » en français et en maths au collège dans le cadre de la réforme du « choc des savoirs » a suscité de nombreuses réactions. Premiers ressentis à Vivonne, moins de quinze jours après la rentrée.

Claire Brugier

Le7.info

Ne les appelez plus jamais « groupes de niveau » mais « groupes de besoins » ! 
Ce volet de la réforme de l’enseignement, ou « choc des savoirs », voulue par le précédent gouvernement, a fait couler beaucoup d’encre mais, passée la confusion originelle, tous les collèges de France se sont attelés à imaginer ces groupes. « Il y a eu exactement dix-huit semaines entre la parution des textes et la fin de l’année scolaire », 
rappelait la semaine dernière Florent-David Zamba au secrétaire général de l’académie Jean-Jacques Vial et au directeur académique (Dasen) Fabrice Barthélémy, en visite dans son établissement. Au collège Joliot-Curie de Vivonne, en français et en maths, les six classes de 6e ont débouché sur huit groupes de besoins et les cinq classes de 5e sur sept groupes. Pas de complication majeure pour élaborer les emplois du temps mais « nous avons un nombre de salles limité, relève le principal. Cette année nous sommes donc à flux tendu. » 
Qu’en sera-t-il à la rentrée prochaine quand les élèves de 4e et 3e rentreront eux aussi dans le dispositif ? A suivre… En attendant, les enseignants de français et de maths savourent unanimement le luxe d’enseigner à une quinzaine d’élèves, contre près de trente souvent en classe entière.

Hétérogénéité et brassage

« Nous avons pris le parti de constituer des groupes hétérogènes, sauf un qui rassemble des élèves aux acquis fragiles, précise Angelina Caillaud (français), balayant ainsi tout soupçon de répartition par niveaux. Il me semble que les élèves se sentent plus à l’aise, qu’ils osent davantage poser des questions. » 
Dans chacune des disciplines, les enseignants ont établi « une dominante de besoins » par période. En français, par exemple, les dominantes sont « lire », 
« dire » et « écrire », les élèves étant « brassés » tous les trois mois par rapport à ces attendus. « La principale difficulté est d’avoir une progression serrée afin qu’au moment des changements de groupe, tout le monde ait atteint les compétences minimales, remarque Patrick Dos Reis (maths). « Mais chacun garde une certaine liberté pour éviter d’avoir un enseignement trop standardisé », complète son collègue Emmanuel Guérin. Quant à la perception des élèves, « ils n’ont pas posé de questions et, de notre côté, on a insisté sur le fait qu’ils seraient moins nombreux et que l’on pourrait mieux les suivre », souligne Céline Della Corte (français). 


La médaille toutefois a son revers. « Les temps de concertation et de constitution des groupes sont pris au détriment des cours à préparer, déplore Angelina Caillaud. Et le fait de changer d’élèves à chaque période va à l’encontre du lien particulier qui se crée jusqu’au 3e trimestre. » A cela s’ajoute la question des profs principaux : 
comment se proposer quand on n’a que quatre élèves de la classe ? Et aussi celle des conseils de classe, de la cohabitation avec les autres matières enseignées, elles, à classe entière… Seule certitude, il y a autant de formules que de collèges, soit quarante-six dans la Vienne.

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