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A Poitiers, Clément Leroy produit son propre miel à quelques pas du centre-ville. L’environnement s’y prête mais nécessite des adaptations. L’apiculteur évoque ses combats.
Sur les hauteurs de Poitiers, dans le quartier de Montbernage, se trouvent une vingtaine de ruches. Clément Leroy est ce que l’on appelle un « apiculteur urbain ». « Je ne me considérais pas comme tel avant d’échanger avec d’autres agriculteurs. Il y a eu un engouement pour le miel en ville ces dernières années et je ne me reconnaissais pas dans cette tendance », précise le Poitevin. De nombreuses images de ruches disposées sur les toits d’immeubles de grosses métropoles ont en effet massivement circulé. Cette démarche, initialement présentée comme écologique, a très vite été remise en question pour son impact négatif sur la biodiversité. Le problème soulevé ? L’existence d’une concurrence entre les abeilles domestiques et sauvages pour les faibles ressources disponibles en milieu urbain. Clément Leroy, lui, n’a pas installé ses ruches sur le toit d’un immeuble mais dans le vaste jardin de son domicile. Il possède ainsi près de 200 ruches et un peu plus de 300 colonies réparties entre son domicile et d’autres lieux de la ville. Une « petite exploitation » qui ne nuit pas à la biodiversité. « En réalité, une infime partie des espèces d’abeilles existantes sont des abeilles à miel », insiste le professionnel. De plus, et par chance, Poitiers n’est pas concernée par le problème de concurrence entre les abeilles. « C’est plutôt le cas dans les grandes villes. Ici nous sommes relativement proches de la campagne, elles ont accès aux bords du Clain, la Ville pratique la fauche tardive et végétalise. Cela suffit aux insectes sauvages pour se créer des cachettes. »
« Des fraudes existent »
En somme, Poitiers est une terre accueillante. Mais elle est également le terrain de chasse du frelon asiatique. Un fléau contre lequel Clément Leroy se prépare pour protéger ses productrices de gelée royale. En plus d’agir autour de ses ruches, l’apiculteur formé à cet effet souhaiterait pouvoir intervenir auprès de ceux qui en font la demande dans le but de détruire les nids et ainsi protéger la biodiversité. « Il faudrait un plan à grande échelle pour que cela fonctionne. » Le professionnel, lauréat de la 14e édition du prestigieux concours des miels de Nouvelle-Aquitaine l’an dernier, s’inquiète également de la qualité de la récolte. « Des fraudes existent et cela nuit au marché car on s’imagine qu’ils sont tous frauduleux. On est toujours obligé de justifier de la qualité, je trouve ça triste. » Une chose est sûre, le « miel des fleurs de Poitiers » produit par les abeilles citadines de Clément Leroy n’a rien à voir avec « les miels mélangés et tous identiques que l’on trouve en grandes surfaces ».
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