Victor Waknine sera l’un des intervenants de l’événement organisé le 13 juin par Propuls à l’attention des entrepreneurs du territoire autour du thème du bien-être au travail. Il est le créateur de l’Ibet, un modèle d’analyse quantitative de la performance sociale.
Les chiffres, on les soustrait, on les additionne… Rien de plus simple pour des experts. Mais difficile d’intégrer dans un bilan comptable l’engagement au travail. « C’est une notion très mal abordée, constate Victor Waknine. En France, le travail n’entre pas dans la mesure de la performance, qui est présentée comme uniquement économique. » Seules 2% des entreprises seraient véritablement intéressées par cette question selon le spécialiste qui ne désespère pas d’en convaincre d’autres en abordant la question d’un point de vue… comptable.
« Je parie sur l’engagement du capital humain, pas sur le capital humain. C’est ça qu’il faut éclairer .» Objectif : la mise en œuvre d’une « nouvelle norme socio-économique de la performance », qui implique une véritable « transition managériale ».
En guise d’outil, le fondateur du cabinet Mozart Consulting, fort de ses expériences à la direction générale de grands groupes privés et publics, a mis au point une méthode d’analyse permettant de définir l’Indice de bien-être au travail (Ibet) d’une entreprise. Le spécialiste sera présent le 13 juin à Ligugé pour en parler, à l’invitation de Propuls (lire ci-contre).
Mesurer le désengagement
Pendant social de l’Ebit (earn before interests and taxes), l’Ibet est « un modèle objectif basé sur des gravités mesurables et vérifiables pouvant entrer dans les normes du travail », explique Victor Waknine. Excluant le déclaratif, la méthode s’appuie sur le nombre d’arrêts maladies, de sorties volontaires et autres données RH pour mesurer l’évolution du niveau d’engagement ou de désengagement des collaborateurs et de l’employeur et, par ricochet, l’impact de la performance sociale sur la productivité.
« On ne peut pas mesurer le bien-être au travail, mais on peut mesurer les conséquences du stress, du burn-out, d’une mauvaise santé mentale…, assure Victor Waknine. Le déclic m’est venu en septembre 2008, devant le JT de 20h, quand j’ai entendu le président de France Telecom, qui avait été mon binôme pendant quinze ans, s’interroger sur « cette mode des suicides ». Il disait que c’était l’affaire des RH, que lui était payé pour faire de l’innovation et du chiffre. Mais est-ce qu’un DRH est responsable du travail des salariés ? Non, il gère l’emploi. C’est le management (président, directeur…) qui est positionné sur le travail. » Cette confusion entre travail et emploi est, selon Victor Waknine, « typiquement française ». « N’a-t-on pas tout récemment remplacé Pôle Emploi par France Travail ? », glisse-t-il incidemment. De la même manière, il différencie motivation extrinsèque (rémunération, tickets restaurants, protection sociale…) et motivation intrinsèque. « Le bien-être au travail passe par trois sentiments, d’utilité, de compétence et d’appartenance. En tant que responsable de l’organisation du collectif, l’alchimie opère quand vous répondez à la motivation intrinsèque des salariés. Pour cela, il faut
définir un engagement réciproque. »