Méconnue, la profession d’actuaire fait pourtant partie des métiers en tension. L’université de Poitiers est l’une des treize en France à proposer un master actuariat, sur son site de Niort pour garantir l’adéquation entre formation et monde de l’assurance.
Il n’en existe que treize en France, à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Montpellier… et Niort. Le master actuariat est aussi rare que le métier d’actuaire est méconnu. Un indice sur cette mystérieuse profession ? Ce n’est pas un hasard si l’université de Poitiers propose ce cursus sur son site niortais, dans le berceau des mutuelles d’assurance. Les actuaires ont en effet pour mission de modéliser les risques, ceux encourus par les assureurs et ceux auxquels sont exposés les assurés. De leurs prévisions dépendent les tarifs fixés par les uns et les cotisations payées par les autres. Leur rôle est donc primordial, de surcroît dans le contexte actuel. « C’est un métier en tension », confirme Marc-Hubert Depret, professeur d’économie à l’université de Poitiers et directeur-adjoint de l’Institut des risques industriels, assurantiels et financiers (Iriaf). Pour preuve, 95% des étudiants en master actuaire -une vingtaine par promotion sur environ
300 demandes- trouvent un emploi dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme, les 5% restants faisant le choix d’une pause. « C’est une formation très professionnalisante. Les trois quarts des étudiants sont en alternance, la moitié des M1 et tous les M2. »
Au cœur de nouveaux enjeux
Une vingtaine d’étudiants pour un métier en tension, c’est peu… « Cela répond à un choix pédagogique. Des groupes réduits permettent de mener des travaux en projets, souvent fournis par les entreprises d’ailleurs, explique le professeur d’économie. Nous privilégions également l’approche par compétences. Il n’y a pas de notes, les étudiants sont évalués à partir de projets tutorés, qui reprennent souvent les fiches de poste d’actuaire proposé par les entreprises. Et la moitié des cours sont assurés par des professionnels du secteur de l’assurance niortais. »
Depuis 1999, année de création de la maîtrise actuariat, devenue master en 2004, le lien entre la formation et le monde professionnel a toujours été étroit, ce qui permet à la formation de s’adapter aux changements, pluriels. « La réglementation évolue beaucoup, surtout les règles prudentielles, sur des placements comme l’assurance-vie par exemple, détaille Marc-Hubert Depret. Et puis on est entré dans l’ère du big data, avec une masse de données plus importante, qui est aussi une manne pour les étudiants. Le RGPD (ndlr, règlement général sur la protection des données) aussi a changé la donne. » Sans oublier que le monde de l’assurance est au cœur de nouveaux enjeux, majeurs, comme le réchauffement climatique, le risque cyber…
Porté par ce contexte, l’Iriaf développe ses formations. Ainsi ouvriront à la rentrée 2024 un master « sécurité incendie » et deux diplômes d’ingénieur, en gestion des risques et en science de la donnée.