Le covoiturage local passe la seconde

Plus économique et plus écologique, le covoiturage local reste pourtant timide dans la Vienne. Grand Poitiers et Grand Châtellerault relèvent le défi en proposant une subvention pour relancer l’usage.

Charlotte Cresson

Le7.info

Traditionnellement associé aux longues distances, le covoiturage concerne de plus en plus de trajets du quotidien, notamment domicile-travail. C’est ce que fait Sophie Hulin. Depuis vingt-deux ans, cette habitante de Buxerolles emprunte chaque jour l’A10 entre Poitiers-Nord et Châtellerault-Nord, où elle travaille. Avec ses passagers, elle profite de ce « sas » pour décompresser. Mais ce mode de transport peine à se faire une place dans la Vienne. 
« Personnellement, je ne covoiture qu’avec mes collègues. C’est plus facile pour s’organiser car nous rejoignons la même destination », explique la Buxerolloise. A la différence d’un déplacement individuel, le covoiturage impose en effet quelques contraintes. « C’est un véritable mode de vie, il faut avoir la volonté de le faire. Je préfère être avec des gens que je connais bien car ils doivent pouvoir comprendre les imprévus que l’on peut rencontrer. »


Grand Poitiers et Grand Châtellerault unies

Cette adepte du covoiturage a vu l’évolution de la pratique et déplore aujourd’hui la mise en place de balises à l’entrée de l’autoroute qui découragent les usagers. La « perte d’autonomie et la peur de transporter des inconnus » sont également des craintes soulevées par Mélanie. La Poitevine utilise l’A10 au quotidien, elle est dubitative face cette alternative. 
En dépit des réticences, Grand Poitiers et Grand Châtellerault croient en la solution du covoiturage. Une enquête, réalisée entre août 2022 et septembre 2023, a mis en évidence une majorité de déplacements en voiture individuelle. 4 000 personnes empruntent notamment la D910 pour rallier quotidiennement Poitiers et Châtellerault. Alors, pour réduire le nombre de véhicules sur la route et relancer le covoiturage, les deux collectivités se sont alliées et financent désormais quatre opérateurs : 
Blablacar Daily, Mobicoop, Klaxit et Karos. Au total, 150 000€(*) sont investis. Le dispositif concerne des trajets compris entre 5 et 80km au départ et/ou vers une ville de Grand Poitiers et Grand Châtellerault. Les trajets, financés par ces dernières, permettent au conducteur inscrit sur l’une des quatre plateformes, de toucher 1,50€ par passager dans la limite de 120€ mensuels. Le passager, lui, peut bénéficier d’un trajet au tarif conseillé de 0,50€ en étant transporté à l’endroit qu’il désire. Dans les deux cas, aucune démarche auprès des collectivités n’est à prévoir. En phase d’expérimentation, ce système répond notamment à des problèmes de logistique tels que « des parkings d’entreprise sous-dimensionnés », 
explique Hindeley Mattard, vice-présidente de Grand Châtellerault, ou encore des « freins au recrutement » engendrés par des manques de mobilité. Une solution « concrète », selon Jean-Pierre Abelin, maire de Châtellerault, et qui devrait ravir les 42% de personnes prêtes à essayer le covoiturage. 


(*)100 000€ investis par Grand Poitiers et 50 000€ par Grand Châtellerault.

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