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Courant dans les années 1990, en perte de vitesse dans les années 2000, écarté dans les années 2010, le redoublement a refait son apparition dans les mesures annoncées par le ministre de l’Education début décembre, en élémentaire essentiellement.
Qualifié de coûteux et d’inefficace, on le croyait banni. La loi sur la refondation de l’école de la République de 2013 incitait ouvertement à « poursuivre la réduction progressive du nombre de redoublements ». Autant dire que sa réhabilitation par le ministre de l’Education nationale fait réagir les syndicats enseignants. « Tous les chercheurs s’accordent pour dire que le redoublement est une ânerie, sauf en cas de lourd problème de santé. Sinon il est stigmatisant », s’indigne Julien Dupont, du Snes. « Les élèves le vivent régulièrement comme un déracinement à leur groupe qui peut être absolument néfaste à leurs progrès », note de son côté Marie Gilardot, du SE-Unsa. Directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen), Fabrice Barthélémy nuance : « Il est important de repérer à quel moment de la scolarité le redoublement peut avoir du sens. L’annonce du ministre concerne les petites classes. »
Redoublement : 5,1% en élémentaire
Constance, 26 ans, a redoublé son CM1. « Cela m’a aidée, convient-elle, mais je pense clairement que j’aurais dû redoubler mon CP ou mon CE1, parce qu’aujourd’hui j’ai toujours un peu de difficulté en français. » En 2018, les évaluations nationales ont été mises en place précisément à l’entrée de CP et CE1 (Le 7 n°629) pour « détecter les difficultés des élèves en début d’année et les orienter vers des mesures comme les stages de réussite, le soutien ou des activités pédagogiques complémentaires », détaille le Dasen, l'allongement de la scolarité en dernier recours. « On a pu voir les effets pervers du redoublement. Mais le limiter a induit une moindre exigence collective par rapport aux résultats des enfants, prolonge la rectrice Bénédicte Robert. Cela peut contribuer à remettre du suivi parental. »
Dans la Vienne, à la rentrée 2023, 5,1% des élèves de 6e avaient redoublé une classe. Au collège, le taux est inférieur à 0,5%, hormis en 3e, classe qui constitue un pallier d’orientation comme, au lycée, la 2nde et la terminale. Charlotte, 29 ans, a choisi de redoubler sa seconde pour faire un bac S et non STMG à laquelle on la destinait, puis elle a doublé sa terminale. « Le plus ennuyant, c’est que certains profs faisaient les mêmes cours, mot pour mot, d’une année sur l’autre. Et pendant mes cinq années de lycée, j’ai eu la même prof de maths, or j’avais beaucoup de mal avec sa méthode, explique la jeune femme. Lors de ma deuxième terminale, ça a été plus compliqué, j’avais deux ans de plus que les autres, pas la même mentalité. » En élémentaire, les classes à double niveau limitent les effets de rupture. « Mes amis sont partis lors de ma dernière année de primaire, mais sachant qu’on avait des classes doubles, j’en avais d’autres, cela ne m’a donc pas trop perturbée », confirme Constance. Clémentine, 36 ans, a su tirer d’autres profits de son redoublement de terminale. « Cela m’a permis de plus m’engager, j’étais dans toutes les commissions existantes : déléguée de classe, conseil d’administration, conseil de discipline… et dans l’organisation des blocages et des manifestations ! (sourire). Et puis cela m’a quand même permis de revoir certains cours pas forcément acquis. »
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jeudi 21 novembre