Uber s’installe, les taxis s’inquiètent

Les premiers chauffeurs Uber se sont installés récemment à Poitiers. Si la plateforme n’a pas encore officialisé le service en ville, cette tendance à la hausse inquiète les taxis et autres indépendants.

Eva Proust

Le7.info

Depuis quelques mois, il est possible de trouver des chauffeurs qui sillonnent les rues de Poitiers sur la carte de l’application Uber. Pour l’heure, la plateforme suit d’un œil attentif leur installation et juge cette arrivée « encourageante ». « Uber n’est pas présent à Poitiers en théorie, il n’y a pas assez d’offre et de demande pour officialiser un service régulier, explique un responsable de la plateforme. On voit environ dix chauffeurs connectés chaque semaine mais de façon intermittente. Pour officialiser, il faudrait proposer un service 24h/24. »

Une concurrence naissante ?

Face à cette installation, taxis et VTC (voiture de transport avec chauffeurs) indépendants font preuve de résignation. « Je ne serai pas impacté, je suis en fin de carrière et je fais exclusivement du transport médical », souligne le chauffeur de Taxi Liberty à Poitiers. Mais il craint pour sa profession. « Si j’essaie de baisser mon tarif quand je fais du VTC, les déplacements longs ne sont pas rentables. Et Uber mise sur les courses d’approche, donc ce ne sera plus avantageux pour nous. »
Laurent Bouffard, président de l’Union des taxis indépendants de la Vienne, note que la marge de manœuvre des taxis face à Uber est mince en raison des quotas. « Nous sommes 35 taxis à Poitiers et le ratio d’un taxi pour 2 000 habitants doit être respecté. En revanche, il pourrait y avoir un jour des centaines d’Uber en ville et, là, nous serions complètement dépassés. »

L’offre et la demande

Les chauffeurs Uber doivent être auto-entrepreneur pour pouvoir s’inscrire en tant que tel. C’est la plateforme qui encaisse la somme gagnée lors d’une course et en reverse 75% au chauffeur. « Les VTC Uber ne sont pas soumis comme les taxis à la TVA à 10%, ce qui est une inégalité supplémentaire. » En outre, Uber étant libre de fixer ses tarifs, il peut suivre le jeu de l’offre et la demande. « Il calque ses prix sur ceux des taxis en temps normal et les augmente lorsque la demande est en hausse, alors que les nôtres restent fixes. » Contrairement à une idée reçue, les Uber ne sont pas moins chers que les taxis. 
« Ils ne peuvent pas faire moins que nous où ils rouleraient à perte. Le tarif minimal d’une course en taxi est de 7,30€. » De son côté Uber rappelle que ses chauffeurs doivent passer les mêmes tests que les taxis pour exercer. « C’est une activité professionnalisante, ajoute le responsable de la plateforme. Ce n’est pas directement Uber qui crée l’offre et la demande, on veille sur le développement des chauffeurs. Si la tendance se régularise, on pourra entamer la promotion auprès des VTC locaux comme cela a été le cas à Angers en mai 2022. »

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