Aujourd'hui
Le Regard de la semaine est signé Dominique Truco.
Dimanche 17 septembre 2023. 40e Journée européenne du patrimoine dédiée cette année au « Patrimoine vivant ». Direction la sortie de résidence de Florian de la Salle, 38 ans, artiste issu du champ de la physique et de l’ingénierie, baigné de biologie cellulaire, grimpeur libre des grands sommets ayant choisi de vivre, travailler, fonder une famille à Poitiers et Buxerolles depuis 2012. Via la RN10, cap sur le Frac Poitou-Charentes-site de Linazay, en pleine nature, où une architecture minimaliste de verre, béton, parée de châtaignier, conserve depuis 2009 la collection constituée de plus de 1 000 œuvres.
C’est dans cette vaste oasis et depuis huit mois que l’artiste-chercheur Florian de la Salle(*) est invité à déplacer, entreposer et observer ses 15 années de production. Là, il s’est livré à une redécouverte, relecture de son œuvre « multinivers » sculpturale et picturale. « Un point de parcours » rythmé par trois expositions, accompagné de rencontres, d’échanges et de visites professionnelles. Ce que Florian de la Salle nomme « une prospective rétrospective ». Sans précédent, une Grande vague ovale surgit face à nous, autour de nous, lentement monte en nous avec jubilation ! Une Grande vague de couleurs, du A noir, I rouge, U vert, E blanc au O bleu, une sorte d’Alpha et d’Oméga rimbaldien en trois dimensions, en suspension dans l’espace. Ce que le peintre Hokusai nommerait makimono qui désigne au Japon « chose qu’on enroule » destinée à être déroulée.
« Chose » que Florian de la Salle rend immense, longue de 30 mètres et haute de 2 mètres, qu’il appelle sobrement « Papier buvard » auquel il aura offert de boire du noir, à plat et enroulé, à l’abri de l’air pendant huit jours. La longue feuille boit comme une mèche 150 litres d’encre noire industrielle. Sculpture-peinture. Magie, par capillarité, l’encre noire chemine dans la fibre vierge en remontées de couleurs. Bien plus qu’une chromatographie. Exposé à notre regard, un impressionniste imprévisible paysage s’étend et se déroule sous nos yeux.
Une recherche « révélationnaire » de la nature de la couleur et de son mouvement moléculaire paysager que Florian de La Salle expérimente aussi en plongeant de courts cylindres « dégourdis » de porcelaine dans des bains de sels minéraux, selon un protocole rigoureux. En suspension ou étendu au sol, « image d’un monde flottant ». La couleur est en lui. Fou de couleurs !
(*)Du 25 novembre à fin février 2024, exposition de Florian de la Salle, Chapelle Jeanne-d’Arc, à Thouars.
CV express
Relier art, écologie et poétique du vivant dans la proximité du quotidien aux côtés d’artistes éveilleurs œuvrant aux croisements d’enjeux vitaux sur une planète en feu... C’est à cela que je me livre entre 1987 et 2020 par l’organisation d’expositions au Confort moderne, à la galerie Louise-Michel à Poitiers, ou encore à la direction de la Biennale de Melle créée et dirigée entre 2003 et 2015. Aujourd’hui au- trice et photographe émergente. Paru Le vivant unique continent.
J’aime : la liberté, la confiance, le génie naturel des plantes, l’imagination qui étend la mesure du possible, celles et ceux qui se lèvent, contemplent et soulèvent terre et ciel.
J'aime pas : l’ensemble de ce qui nuit à l’existence du vivant humain ou non humain.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.