Aujourd'hui
Le Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM) fête ses 70 ans jeudi et vendredi. Connu des médiévistes du monde entier, le laboratoire dépendant de l’université et du CNRS continue de rayonner. Rencontre avec sa directrice, Cécile Voyer.
Pourquoi, en 1953, avoir créé un centre d’études dédié au Moyen Age ?
« On doit cette décision au philosophe Gaston Berger, alors directeur de l’Enseignement supérieur. Je crois qu’il y avait dans sa réflexion la volonté de révolutionner et transformer le système universitaire français en y faisant entrer la recherche. Mais cela s’inscrivait aussi dans l’Europe de l’après-Seconde Guerre mondiale, dans l’idée qu’elle devait se construire autour d’une communauté intellectuelle. D’où le souhait de fédérer les réseaux de médiévistes à travers l’Europe, voire au-delà. Le choix des XIe-XIIe siècles n’est pas anodin, c’est une période où les frontières étaient mouvantes, une Europe d’avant les Nations, avant les villes et la centralisation. Une Europe qui fonctionnait par régions et non par Etats. »
Pourquoi Poitiers ?
« Gaston Berger voulait construire un centre autour d’une photothèque consacrée à l’art roman car l’art était pour lui l’expression de l’essence d’une civilisation. Une photothèque permettait d’attirer tous les chercheurs s’intéressant à la civilisation médiévale. Poitiers et sa région étant très riche en patrimoine et sites de prestige, avec de surcroît une université fondée au Moyen Age… Au-delà de la photothèque, plusieurs outils ont été mis en place : une bibliographie de la civilisation médiévale, un répertoire des médiévistes, les Cahiers de civilisation médiévale, dès 1958, pour mettre en avant une recherche pluridisciplinaire et européenne, mais aussi les Journées d’études médiévales pour rassembler les jeunes chercheurs. »
Aujourd’hui, comment se porte le CESCM ?
« Nous avons toujours beaucoup de doctorants, autour d’une cinquantaine chaque année, et des co-tutelles avec l’Italie, l’Espagne, des pays d’Amérique latine, la République tchèque… Entre 2019 et 2023, nous avons eu dix-neuf soutenances de thèse. La part de l’épigraphie reste importante. Même si on ne remplacera jamais le travail sur l’objet et la matérialité, les « humanités numériques » peuvent être un outil fabuleux pour accélérer la recherche, pour conserver les données et résultats, les valoriser, par exemple par la représentation en 3D d’édifices disparus, dans l’archéographie... »
Les deux tables rondes(*) organisées au Palais pour les 70 ans interrogent la place du Moyen Age au XXIe siècle…
« On a souhaité sortir du laboratoire pour s’adresser à la communauté universitaire au sens large et au grand public, pour poser plus largement la question de la place des sciences humaines. Le Moyen Age est une période qui fascine, il est extrêmement utilisé à des fins politiques -Charles Martel, Jeanne d’Arc-, les sites médiévaux sont les plus visités en France... Entre légende noire et légende rose, le médiévalisme bat son plein mais, paradoxalement, il reste assez peu enseigné. Hormis dans les études d’histoire, c’est souvent le choix de l’ultracontemporain qui est fait. »
(*)Jeudi, à 18h, « Le Moyen Age et ses représentations au XXIe siècle », animée par Clara Dupont-Monod ; vendredi à 18h, « Pourquoi étudier le Moyen Age au XXIe siècle ? », animée par Emmanuel Laurentin. Retrouvez le détail sur cescm.labo.univ-poitiers.fr. Gratuit sur réservation au Palais : palais@poitiers.fr ou 06 75 32 16 64.
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