Le Regard de la semaine est signé Théophanie Le Dez.
Comme de nombreux étudiants, je travaille cet été. Travail éreintant de serveuse aux horaires difficiles, bien éloigné des plages ensoleillées qui riment d’habitude avec le mot « vacances ». Alors, pour m’évader pendant mes quelques brèves minutes de pause entre services et ménage, je lis. Un jour, l’un de mes collègues m’a dit : « Mais comment tu fais pour lire autant ? Tu arrives à te concentrer sur des mots qui s’enchaînent sur des pages et des pages, sans même une image ? ». Dans ce Regard, j’aimerais montrer ce que la lecture représente pour moi, pourquoi elle berce mes journées depuis ma jeunesse. Lire, c’est vivre, d’une certaine façon. Ne vous est-il jamais arrivé, à la fin d’un roman, d’un poème, d’un article ou d’un conte, de vous sentir totalement transporté, transformé ? De remettre en question certains de vos acquis, de vos perceptions ? C’est ce qui m’arrive actuellement, alors que je dévore l’essai de Gloria Steinmem, Actions scandaleuses et rébellions quotidiennes. Quelle stupéfaction pour moi de voir que les mots et les expériences d’une autre femme peuvent aussi brutalement éclairer mes propres expériences, mon propre vécu, au sein d’une société profondément ancrée dans des mœurs patriarcales. C’est aussi ce qui m’est arrivé en lisant La couleur pourpre d’Alice Walker, 1984 de George Orwell ou encore La couleur des sentiments, de Kathryn Stockett. En vérité, la liste des écrits qui m’ont bouleversée est si longue qu’elle ne rentrerait pas dans un numéro du 7. Mais si je rédige ce Regard, c’est pour inviter chaque personne à lire, à découvrir : lire, c’est vivre l’expérience d’autrui, c’est comprendre des injustices dont nous n’avions pas conscience, c’est se remettre en question, c’est grandir. Lire, c’est se développer en tant que personne.
Gloria Steinem écrit qu’il est plus facile de s’exprimer sur le papier que devant une assemblée. En effet, le jugement des autres, les critiques, les regards, sont plus éloignés, moins réels, moins directs. Dès lors, lire, c’est approcher la sensibilité d’une personne dans sa plus grande complexité. La lecture, selon moi, serait finalement l’une des plus belles passerelles de la création d’une communauté soudée, du partage du sensible entre hommes et femmes de toutes classes sociales, de toutes origines, de toutes cultures, et de toutes croyances. Lire tous ensemble, c’est effacer des frontières sociales érigées comme insurmontables.
CV express
Native de Poitiers, je suis aujourd’hui étudiante en lettres-sciences politiques. Ayant fait un stage à la rédaction du 7, je suis plus qu’heu- reuse d’apporter ma pierre à l’édifice et d’évoluer dans le journalisme. J’espère vous faire voyager avec moi, notamment lors de mon Erasmus au Canada !
J'aime : le sport sous toutes ses formes, les documentaires de décryptage, la librairie Mollat à Bordeaux, voyager, la géopolitique.
J’aime pas : les opportunistes, faire la cuisine, la pression des examens, les blessures, les climatosceptiques.