Marine Partaud. 28 ans. Poitevine, joueuse de tennis professionnelle depuis 2012. Actuellement à Roland-Garros, dans le rôle de consultante pour France TV Sports. Nourrit toujours l’espoir de participer à des tournois du Grand Chelem, sans se projeter sur son après-carrière. Signe particulier : avec elle, il faut que ça bouge !
A choisir, elle aurait sans doute préféré participer au tournoi. Mais à défaut d’avoir obtenu une wild card, Marine Partaud vit à nouveau Roland-Garros dans la peau d’une « consultante experte » pour France TV Sports. Un rôle qu’elle assume pour la quatrième saison de suite, avec un enthousiasme intact. « C’est un peu la course mais c’est génial, sourit la 426e joueuse de tennis mondiale (WTA), avant d’aller reprendre le micro en cabine commentateurs. Je suis là pour apporter mon regard de joueuse, et j’ai l’avantage de connaître le jeu de pas mal de filles. »
C’est Inès Lagdiri-Nastasi, ex-espoir du tennis tricolore devenue journaliste à la fin de sa carrière -terminée sur un match contre Marine Partaud-, qui a pensé à la Poitevine pour compléter l’équipe d’experts tennis de France TV Sports. Rares sont les joueuses encore en activité à officier comme consultantes. « On m’a souvent dit que je m’exprimais bien, alors j’y suis allée ! » Dans le jargon journalistique, Marine Partaud est effectivement ce que l’on appelle une « bonne cliente », lucide et à l’aise dans l’exercice de l’interview. Elle n’attend pas qu’on lui tende le micro pour dire ce qu’elle pense du circuit international.
Faire bouger les lignes
« Pourquoi les filles ne parlent pas alors qu’on est toutes mécontentes de certaines choses ? »
Du cyberharcèlement qu’elles subissent de la part de parieurs orduriers ou encore des affres du circuit secondaire… Si elle n’a pas l’exposition d’une joueuse du Top 100, Marine Partaud aspire à faire bouger les lignes, pourquoi pas à terme au sein d’une association de joueurs. En attendant, ses réseaux sociaux lui servent parfois à faire passer des messages.
« Je n’ai pas la prétention de dire que si je parle, cela va changer quelque chose. Mais je me dis que ça peut toujours servir, que c’est vu, confie celle qui défend les couleurs de La Roche TEY. Après mon témoignage sur le cyberharcèlement, j’avais été contactée par l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel). Et même si ce n’est pas parfait, la Fédération (FFT) a mis en place cette année à Roland-Garros une solution de modération intelligente sur les réseaux des athlètes. »
A 28 ans, Marine Partaud se sait au crépuscule de sa carrière. Après un début de saison
« compliqué », sans résultat notable, elle ne cache pas s’être « posé des questions ».
Mais la première Française à avoir battu l’actuelle n°1 mondiale, Iga Swiatek (en 2017, à l’Open du Havre) s’accroche à son
« rêve » de disputer des tournois du Grand Chelem en tentant d’intégrer le Top 250.
« Un cap difficile à passer » et qui, surtout, implique de courir toute la saison d’un bout à l’autre du globe, après les points de ranking et les prize money… Un rythme d’enfer. « Après dix ans, ça devient dur, confie celle qui a fait ses débuts au TC Val Vert, à Jaunay-Marigny. Quand tu te retrouves à t’ennuyer, seule dans ton hôtel, à l’autre bout du monde, loin de ta famille et de tes amis, parfois tu te dis à quoi bon ? Mais je suis passionnée, je ne le fais pas par obligation. »
« Parfois tu te dis à quoi bon ? Mais je suis passionnée, je ne le fais pas par obligation. »
Chez les Partaud, le tennis est depuis longtemps une affaire de famille. Marine a suivi les traces de Camille et Adrien, sa sœur et son frère, de quatre et huit ans ses aînés. Sa maman préside le club de tennis de Migné-Auxances. « On faisait des tournées de tennis. J’ai même joué ma sœur en finale, c’était chaud ! », sourit-elle. Passée ensuite par le Pôle France de Poitiers, la cadette s’est mise à envisager une carrière de haut niveau après son titre de championne de France décroché en 2010, à l’âge de 16 ans. « Le déclic, j’ai pris conscience de mon niveau. »
Elle a alors enchaîné des sélections en équipe de France, joué Roland-Garros en double avec Virginie Razzano… Professionnelle depuis 2012, avec quatre titres ITF individuels à son palmarès, Marine vit le plus souvent en Floride, auprès de son petit ami coach… de tennis. Elle revient auprès des siens à Migné-Auxances quatre à cinq fois par an, « pour recharger les batteries ».
« Je ne m’en fais
pas trop »
Après sa « mission » à Roland-Garros, elle repartira en tournée sur les courts d’Europe, tout l’été. « Avec toutes les galères que j’ai connues en déplacement, je disais à ma mère que je pourrais ouvrir mon agence de voyages à la fin de ma carrière ! », s’exclame la marraine de l’association Fête le mur Poitiers. En fin d’année, elle arrivera également au bout de sa formation à distance -et adaptée aux sportifs de haut niveau- avec Sciences Po Paris. « J’enchaînerai peut-être sur un master. » Mais sans réelle idée quant à son après-carrière, la Poitevine préférant encore se laisser porter par les objectifs d’une saison, à la poursuite de ses rêves. « Une ancienne joueuse m’a dit que ce qui lui manquait le plus depuis son arrêt, c’était de s’arracher pour aller chercher la victoire. C’est une émotion que seul le sport peut te faire ressentir, un leitmotiv. Je ne m’en fais pas trop pour la suite. » Une chose est sûre : il faudra que ça bouge !
« Je suis tellement habituée, et c’est dans mon tempérament aussi. Je disais récemment à une amie que je ne pouvais pas avoir une vie routinière, dans un bureau. Il n’y a peut-être que le fait d’avoir des enfants qui pourrait me fixer. »
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