Gros succès critique et public, The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom déchaîne les passions. Et suscite l’intérêt de chercheurs !
Diplômé en musicologie de l’université de Poitiers, Antoine Morisset étudie en effet les musiques de cette série phare du jeu vidéo.
Dix millions de copies écoulées en seulement trois jours. C’est le lancement -historique- réalisé par le nouveau jeu Zelda, sorti le 12 mai sur Nintendo Switch. Baptisé Tears of the Kingdom, ce nouvel épisode a reçu un très bel accueil critique. Certains louent son vaste monde ouvert, d’autres ses mécaniques qui célèbrent la créativité du joueur… Et Antoine Morisset, ses musiques. « Le travail de composition est encore une fois très abouti, j’y ai déjà trouvé des choses qui m’ont profondément marqué. »
Diplômé en musicologie de l’université de Poitiers, le chercheur a fait de la musique de jeu vidéo son sujet d’étude. Sur la manière dont elle illustre la narration, ses représentations, sa notoriété grandissante (albums, concerts)… Ce que l’on appelle la « ludomusicologie ».
« Il y a eu ces dix dernières années de nombreuses publications anglophones sur le sujet, mais très peu en France, explique Antoine Morisset, fan de Zelda. Je me suis dit que c’était un pan intéressant à découvrir. »
Et cela malgré les réserves objectées par certains universitaires durant son master.
Une licence pionnière
Le chercheur a notamment consacré un mémoire à la musique des jeux Zelda, du premier sorti sur NES (1986) à Majora’s Mask, sur Nintendo 64 (2000). « Sur The Legend of Zelda Nintendo a été le premier studio à embaucher un compositeur (Koji Kondo) exclusivement dédié à la composition de musiques pour le jeu. » Une initiative qui a vite fait des émules. Les épisodes suivants ont apporté leur lot d’innovations, lesquelles continuent d’inspirer l’industrie du jeu vidéo. « Ocarina of Time (1998) est le premier jeu où l’on peut réaliser des mélodies à la flûte -virtuelle-, avec toute une logique de filiation de la musique… Pour les chercheurs, c’est une vraie mine d’or ! Dans Spirit Tracks, sur Nintendo DS (2009), on peut le faire en soufflant sur le micro intégré de la console. »
Dans les itérations récentes, les musiques se font plus discrètes. A contre-courant de la production actuelle. « Cela a pu être reproché à Breath of the Wild (2017), mais quand on s’y penche, on découvre un travail d’orfèvrerie des compositeurs. »
Enseignant cette année à l’école parisienne Isart Digital, qui forme les futurs talents du jeu vidéo et de l’animation, Antoine Morisset l’assure : « Chaque Zelda est représentatif de son époque. » Et celle des musiques « chiptune »
(créées par la puce audio des consoles) ne doit pas être négligée. « Je sensibilise les étudiants au fait que les limitations technologiques et leurs sons primitifs ne bridaient pas la création. » Lui-même compositeur en parallèle de ses recherches, Antoine Morisset accueillerait
« avec grand plaisir » l’opportunité de signer la bande-originale d’un jeu. Il mettrait ainsi en application le fruit de ses recherches. « A l’image d’Ubisoft qui fait appel à des historiens et des géographes pour ses jeux, de plus en plus de studios cherchent des universitaires pour que leurs créations aient davantage de sens. »
DR - Nintendo