Hier
Le Regard de la semaine est signé Mathieu Beaulieu.
Est-ce possible de vivre à deux quand on est autiste ? Je veux me mettre en couple avec une personne autiste, à quoi m’attendre ? Qu’il s’agisse des principaux intéressés, de leurs parents, d’amis, de conjointes ou conjoints, ces questions me sont souvent posées ! A cela, je n’ai pas de réponse universelle. Cependant, mon point de vue et l’analyse que je peux porter sur ce sujet dépassent finalement toutes les frontières et n’imposent aucune barrière entre les individus, quel que soit leur profil cognitif.
Il n’existe pas de formule magique et la réussite d’un couple ne repose que sur les deux partenaires qui le composent. Avant d’aller plus loin, il me semble essentiel de caractériser cette notion. Bien entendu, j’imagine qu’il existe autant de définitions que de couples. Fondamentalement, je pense qu’il s’agit avant tout d’une harmonie et d’un équilibre, qui requièrent des ajustements perpétuels.
Dans son quotidien, une personne autiste a besoin de consacrer du temps à des activités qu’il affectionne. C’est un trait caractéristique des troubles du spectre de l’autisme (TSA), au point d’en faire un critère de diagnostic. Ils prennent une place importante dans nos vies et sont essentiels à notre quiétude psychologique. Ils peuvent devenir obsessionnels et envahissants, il reste alors primordial que le ou la partenaire non autiste accepte cela, tout en imposant un cadre, sans quoi le couple est voué à l’échec.
La personne non autiste devra également apprendre à conjuguer avec une faible communication verbale et émotionnelle, ainsi qu’avec des réactions parfois maladroites. Grande patience et pédagogie sont indispensables !
Mais pour constituer un couple pérenne, au risque de vous surprendre, il faut être deux ! Il paraît donc essentiel que la personne autiste admette elle aussi de devoir faire des efforts, en accordant du temps et de l’attention à sa moitié. Je suis malheureusement souvent contacté par des conjointes/conjoints en détresse, à bout de force car leur partenaire autiste refuse d’accomplir le moindre effort. A mon sens, vivre en couple, qu’on soit autiste ou pas, c’est accepter de faire des efforts.
Donc oui, quand on est autiste, octroyer du temps à l’autre constitue immanquablement une source de frustration, qui doit être gérée et accompagnée par le conjoint. Mais je pars du principe que c’est « donnant-donnant ». Dans mon cas, j’accorde du temps à ma femme pour faire des activités avec elle et, en contrepartie, elle me laisse du temps libre. En conclusion, je pense que vivre en couple, c’est savoir respecter l’autre, l’écouter, accompagner ses choix sans les juger, en essayant de répondre au mieux à ses attentes.
Mathieu Beaulieu
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