Comme des idiots

Le Regard de la semaine est signé Maximilien Petitgenet.

Le7.info

Le7.info

En 1975, au JT, on conseillait aux Français de boire un litre et demi de bière par jour pour se désaltérer, y compris pour les femmes enceintes. A l’époque, même si les médecins « savaient bien », 
le grand public était suffisamment peu documenté sur le sujet pour continuer à détruire son futur pour un plaisir à court terme.

Concernant le changement climatique, on est dans une situation équivalente en 2022… Mon métier m’a amené à constater que l’immense majorité ne s’est pas sérieusement documentée sur le sujet. Ils en sont restés aux petits gestes, prendre une douche plutôt qu’un bain, ne pas laisser la lumière allumée..., et laissent aux gouvernements la responsabilité de faire ce qu’il faut pour éviter que l’avenir soit trop pénible. Ils ont tort. Ils sont à des années-lumière.

Les scientifiques savent sans ambiguïté, avec un consensus mondial, ce qu’il va se passer. N’en déplaise aux quelques imbéciles qui, quoi que très diplômés, revendiquent leur dissidence pour masquer leur quête de reconnaissance. Il ne s’agit pas d’opinions, mais de science, de faits. De la même manière qu’on sait calculer la trajectoire d’une balle lancée en l’air, on sait calculer la trajectoire du climat.

Aujourd’hui, on sait que si le réchauffement climatique n’est pas contenu sous les 
+2 degrés, les rendements agricoles vont chuter drastiquement… pour aboutir à ce que le Giec nomme une « insécurité alimentaire généralisée sur la planète ». Dit autrement : 
la guerre pour la nourriture. Or, nous sommes partis pour quelque chose entre +2.8 et +4 degrés, bien au-delà donc ce que qu’il faut pour « garantir les conditions d’un monde vivable ». Un monde vivable, rien que ça.

Mais le problème n’est même pas là. On pourrait débattre, c’est un choix politique, sur ce qu’on souhaite entre 
« prendre des mesures radicales mais douloureuses pour garantir les conditions d’un monde vivable » ou continuer à cramer ce qu’on peut, et advienne que pourra. A la limite, pourquoi pas. Je n’ai pas de problème philosophique à ce que la société choisisse la seconde option. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un entre-deux. On continue à siroter sa troisième pinte de bière en se disant que ça ne va pas être si grave que cela.

Luther King disait : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, ou nous mourrons ensemble comme des idiots. » Je dirais que nous devons assumer notre décision (individuelle et collective) de ralentir ou de cramer, mais le décider. Ou nous mourrons ensemble comme des idiots. Des idiots ivres et penauds.


CV express
De double formation (ingénieur Ensma + IAE Poitiers en management), passionné d’environnement, entrepreneur... Je suis surtout papa de trois petites filles. Pour répondre à la question qu’elles me poseront un jour -« Et toi papa, qu’est-ce que tu as fait pour préserver la planète ? »-, j’ai fondé Purple Pepper et je veux ainsi passer le reste de ma vie à lutter contre le changement climatique. 

J’aime : transmettre, la philosophie (notamment le stoïcisme), la science, l’entrepreneuriat et le management, les optimistes, ceux qui passent à l’action et Chopin.

J’aime pas : ceux qui râlent et se plaignent, l’inaction climatique, les embouteillages, les consensus qui ne font rien avancer et les choux de Bruxelles.

À lire aussi ...