Lutte contre les incendies - Antoine Bled (ONF) : « Privilégier les forêts mosaïques »

Alors que les incendies se multiplient, les massifs de la Vienne ont été placés en « risque très sévère » feux de forêt. Antoine Bled, le directeur de l’Office national des forêts (ONF) pour l’ex-Poitou-Charentes, rappelle que des actions de prévention sont menées toute l’année.

Romain Mudrak

Le7.info

Les forêts de la Vienne sont-elles actuellement concernées par les risques d’incendie ?
« Un plan départemental de protection des forêts contre les incendies existe. Les différents massifs forestiers sont classés plus ou moins à risque en fonction de plusieurs critères, à commencer par les essences qui les composent et la nature inflammable des sous-étages. Depuis mai, nous suivons quotidiennement l’indice forêt-météo(*) produits par Météo France qui nous permet de prendre des décisions de restrictions graduées selon le risque. Cette veille est remontée tous les jours à la préfecture qui publie des arrêtés préfectoraux. La Vienne se situe en risque très sévère, ce qui entraîne plusieurs interdictions, mais en Charente, les accès aux massifs sont totalement fermés. »

Comment s’effectue actuellement la veille sur le terrain ?
« Tous les jours, des agents de l’Office national des forêts (ONF), des gendarmes, des policiers municipaux sont en tournée de surveillance. Des forces de pompiers sont disposées avec leurs camions autour des massifs stratégiques afin de pouvoir intervenir le plus rapidement possible. C’est dans les vingt premières minutes qu’on arrive le mieux à cantonner un feu. Tous sensibilisent la population, veillent au respect de l’arrêté préfectoral et observent les éventuels départs de feu. 90% des incendies de forêt sont d’origine humaine, alors actuellement il faut rappeler quelques règles claires : ni feu de camp, ni barbecue en forêt, on ne fume pas et on ne jette pas sa cigarette au sol. »

Nous sommes dans une période de sécheresse particulièrement sensible. Quelles sont les actions de prévention au long cours menées par l’ONF le reste de l’année ?
« Un certain nombre de massifs sont équipés de tranchées coupe-feu, d’autres disposent de citernes. Et puis il est nécessaire d’entretenir et de débroussailler les allées circulées de manière à ce que la végétation soit relativement rase. Idem pour les aires d’accueil. A la fin de chaque saison, les différents services débriefent ensemble afin de faire évoluer notre stratégie d’adaptation des forêts au changement climatique. Il s’agit par exemple de prévoir la plantation de feuillus en lisière de parcelle, qui jouent un rôle de tampon en cas d’incendie. Nous privilégions aussi le mélange des essences, on parle de forêts mosaïques, pour améliorer la résilience des peuplements et la biodiversité. »

La majorité des massifs forestiers de la Vienne appartiennent à des propriétaires privés. Ont-ils des obligations en matière d’entretien et de prévention des risques d’incendie ?
« Le centre national de la propriété forestière est en lien avec les propriétaires privés. Il leur prodigue des conseils en gestion forestière et organise des journées techniques. Si la propriété fait plus de 25 ha, elle doit être régie par un plan de gestion qui traite les questions de coupes et travaux de préservation de la biodiversité, de production sylvicole et d’accueil du public. Tout cela est réglementé. »

(*) L'indice forêt-météo (IFM) est calculé chaque jour en fonction de la température, de l'humidité, du vent et de la nature des peuplements (arbre, sous-bois et sol).

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