
Aujourd'hui
Un « truck » dans l’œil
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Paul Taillefer n’est plus seul dans son atelier du 82, rue de la Cathédrale, à Poitiers. Depuis septembre, trois semaines par mois, son petit-fils apprend le métier de bijoutier-joaillier à ses côtés. « J’ai reçu pas mal de stagiaires dans ma carrière, mais Mathis est mon premier apprenti, indique le Châtelleraudais, maître-artisan d’art depuis maintenant quarante-huit ans. Ici, j’ai énormément de travail, je n’avais pas forcément de temps à consacrer sur toute une année. » Sauf pour son petit-fils, naturellement.
Mathis est inscrit au CFA de Saumur en bijouterie-joaillerie. Il n’existe pas de formation équivalente dans la Vienne. L’adolescent âgé de 15 ans a voulu apprendre les rudiments du métier « après avoir vu papy travailler à la maison ». Aussi parce qu’il n’est pas vraiment fan de l’école, comme son grand-père en son temps. « L’apprentissage, c’était surtout pour éviter les études », lâche-t-il. « Il a pourtant eu son brevet avec mention », tient à souligner Paul, qui a été formé par un maître-artisan d’art à ses 16 ans.
Sous le regard de son aïeul, Mathis s’exerce d’abord sur des pièces en laiton, il apprend à découper, à emboutir… Bref, les bases du métier qui consiste à fabriquer, réparer et transformer des bijoux avec les trois métaux précieux (argent, or, platine). « Je lui dis souvent que c’est comme un footballeur, c’est de la répétition de gestes, commente Paul, par-dessus son épaule. Il faut de la patience et de la minutie. » L’artisan de 63 ans n’est plus qu’à quelques mois de la retraite, il a prévu d’arrêter en fin d’année prochaine. « J’ai bon espoir d’avoir un repreneur, confie-t-il. Mathis ? Il n’aura pas encore assez de pratique. Ce serait arrivé un peu plus tard… »
A la rentrée 2022-2023, l’adolescent devra donc trouver un autre maître d’apprentissage, pour sa 2e année de CAP en art du bijou. « Soit il me faudra aller loin, soit avec quelqu’un que papy connaît », convient l’adolescent, pas vraiment enclin à aller travailler dans les gros ateliers. Après quoi il se lancera peut-être dans un second CAP, pour se spécialiser dans la gemmologie, la science qui traite des pierres précieuses. « Il y a pas mal de possibilités de mention complémentaire, précise Paul Taillefer, par ailleurs élu à la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de la Vienne. Pour devenir sertisseur, graveur, lapidaire, diamantaire… » En attendant, grand-père et petit-fils savourent le temps passé ensemble à l’atelier, ouvert depuis trente ans en centre-ville de Poitiers. Une expérience de transmission familiale qui les ravit. « C’est différent mais c’est un beau challenge de former son petit-fils, de lui transmettre un savoir-faire. »
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