Le bac 2020, toujours un diplôme national ? Le confinement accroit-il les inégalités scolaires ? La rectrice de l'académie de Poitiers Bénédicte Robert revient sur les dispositifs mis en place par l'Education nationale pendant cette période de confinement et se projette sur les vacances de printemps qui débuteront en fin de semaine prochaine.
Le ministre de l’Education nationale a annoncé que toutes les épreuves du bac et du brevet des collèges seront validées en contrôle continu. Dans ce contexte, comment certifier que le baccalauréat conservera sa dimension nationale et ne sera pas noté différemment d’un lycée à l’autre ?
« Les notes obtenues en contrôle continu seront soumises à un jury d’examen du livret scolaire qui jouera un rôle d’harmonisation entre les établissements. Nous avons déjà expérimenté ce dispositif lors de la première session d’examens communs de contrôle continu (E3C1). Cela permet une égalité de traitement entre les candidats. Le contrôle continu se fonde sur le travail scolaire réalisé toute l’année, alors que les épreuves terminales ont tendance à favoriser le bachotage. Ce sont les mêmes arguments qui ont justifié la réforme du bac. »
Entre les élèves qui n’ont pas le matériel adéquat et ceux qui ne peuvent pas être aidés par leur famille pour diverses raisons, comment faire en sorte que les inégalités scolaires ne grandissent pas en cette période ?
« On est très attentifs à cette question car les enjeux sont importants en termes de décrochage scolaire. Les élèves ne doivent pas être pénalisés par cette crise sanitaire. Les dispositions ont été prises du jour au lendemain. Dès les premiers jours, beaucoup de matériels informatiques ont été prêtés aux familles, notamment par les Départements et la Région. Cela a permis déjà de pallier pour partie l’absence d’équipement. Certains élèves se trouvent en zone blanche, hors de toute connexion. Pour eux, un dispositif a vu le jour grâce à des commerces de proximité. En milieu rural, des enseignants déposent les fiches et des exercices photocopiés que les familles viennent retirer en faisant leurs courses. A partir d’aujourd’hui, s’enclenche aussi un partenariat avec La Poste. Les écoles pourront envoyer leurs documents qui seront imprimés et envoyés aux familles. Nous faisons aussi un travail important de quadrillage des élèves. Ils sont appelés au moins toutes les semaines par leur professeur dans le premier degré ou par la vie scolaire. L’activité est renforcée sur les plus fragiles. Malgré tout, il reste environ 4% des élèves avec lesquels nous n’avons eu aucun contact (ce qui représente autour de 6 000 élèves, ndlr). Ils sont essentiellement en Segpa, Ulis et en CAP du secteur industriel ainsi qu’en maternelle. »
Les vacances débuteront dans une semaine. Comment devront-elles se dérouler du côté des enseignants et des élèves, selon vous ?
« Le ministre s’est déjà exprimé sur cette question. Les vacances de printemps doivent être considérées comme des vacances, même si tout le monde doit rester chez soi. Il ne s’agit pas de continuer l’enseignement à distance. Toutefois, comme d’habitude les enseignants vont évidemment donner du travail à effectuer. La nouveauté, c’est que nous allons nous concentrer sur la possibilité de mettre en place un dispositif de soutien scolaire à distance, à raison de six heures par semaine, sur les deux semaines, pour les élèves qui auraient besoin d’approfondir les fondamentaux, en français et en mathématiques. Les modalités seront connues dans les prochains jours. »
Les contacts sont difficiles actuellement entre les élèves et les professeurs principaux ou les conseillers d’orientation. Les échéances de ParcourSup pour l’accès à l’enseignement supérieur ont-elles changé ?
« Non, les échéances n’ont globalement pas changé. Dans l’académie, nous avons eu quasiment 100% de confirmation des vœux par les élèves de lycées généraux et technologiques. Dans certains cas, des documents devaient être envoyés par La Poste, or on sait que le rythme de distribution a été réduit. Là où ça n’a pas fonctionné, on fera preuve de bienveillance. »
Photo : Archives NPI