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Chez les patients ayant souffert d’une forme grave du Covid, le réentraînement s’est imposé de lui-même. Mais il reste rare chez les « Covid longs ». La faute à une reconnaissance tardive ? A une offre encore restreinte, à la frontière entre mondes médical et sportif ? Quoi qu’il en soit, les besoins sont bien réels.
Une gêne respiratoire qui persiste, une fatigue lancinante, des douleurs articulaires… Comme le Covid-19, le « Covid long » sait brouiller les symptômes. Au point qu’il a fallu attendre le 17 février pour que l’Assemblée nationale vote une résolution visant à « reconnaître et prendre en charge les complications à long terme ». Officiellement donc, la nécessité d’un réentraînement des patients en « Covid long » n’est désormais plus taboue.
Pour les « Covid graves », le passage par le service Médecine physique et réadaptation (MPR) du CHU a toujours été évident. Roger, 65 ans, a passé quinze jours en réanimation. « Quand je suis arrivé en MPR, je ne savais plus marcher, j’avais perdu 15kg en 15 jours », raconte-t-il. Aujourd’hui toujours sous oxygène, il re-marche. « Cela demande de l’effort, il faut avoir envie de guérir. » Et ne pas être pressé. Un, trois, cinq mois... « Dans le Covid, la récupération est particulièrement fluctuante », souligne le Dr Anne Delaubier. Au programme : « de la rééducation neuro-motrice et cardio-respiratoire », résume la praticienne, qui n’écarte pas l’idée d’accueillir des « Covid longs ». « On s’y prépare. »
A Nieul-l’Espoir, le Centre de réadaptation du Moulin vert a déjà mis en place un parcours spécifique qui comprend deux jours de bilan complet avec électrocardiogramme, prise des constantes, épreuve d’effort… « Le programme d’activités est élaboré à partir de ce bilan, explique le Dr Magalie Le Gal. Le réentraînement à l’effort se déroule sur 20 séances, par demi-journée. Le patient est suivi médicalement en consultation et bénéficie aussi d’une prise en charge psychologique et diététique si nécessaire. Les séances sont encadrées par des professeurs d’éducation physique et des kinésithérapeutes. »
Entre médecine et sport
Les bénéfices d’un réentraînement pour les « Covid longs » sont désormais avérés. « Il y a une nécessité absolue à faire rapidement une réhabilitation. Mais trop peu de patients consultent. Soit leur état de fatigue les en dissuade, soit ils ressentent comme une culpabilité à le faire. Il y a un frein de l’ordre du qu’en-dira-t-on, déplore le Dr Philippe Bouchand, membre de l’URPS Médecins libéraux et médecin du sport. Or, s’ils ne viennent pas vers nous, on ne peut pas les remettre dans un parcours d’activité physique. »
Sportive confirmée, Julie, 21 ans, s’est ainsi tournée directement vers sa salle de sport. « J’ai eu le Covid en janvier. J’étais très fatiguée, essoufflée au moindre effort, explique la jeune femme. J’ai repris progressivement la course à pied, le vélo et les séances en salle, mais ce n’est pas encore ça. » Des salles labellisées sport santé, comme Elancia à Poitiers, proposent en effet des programmes de reconditionnement post-Covid, « sur prescription médicale, insiste la responsable Julie André, le lieu restant par ailleurs fermé. Le programme a été co-construit avec des professionnels de santé ». Après une heure de bilan, « nous élaborons un parcours très adapté et progressif », note Xavier Manteau, coach diplômé en activités physiques adaptées (APA). Mais les liens avec le monde médical restent ténus.
Sur le terrain du sport santé, le Covid long pourrait bien réveiller le différend entre les mondes sportif et médical... « Peu importe où le patient va faire son reconditionnement, tempère, diplomate, le Dr Bouchand, pourvu qu’il le fasse dans un environnement médical et spécialisé en activité physique adaptée. »
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lundi 23 décembre