Hier
Le Regard de la semaine est signé Cheikh Diaby.
Poitiers avait en son temps accueilli les Assises internationales du journalisme. La dernière édition s’est tenue à Tours il y a un mois. Le prix spécial du journalisme a été décerné à Khaled Drerani. Un hommage appuyé lui a aussi été rendu. Jeune journaliste algérien talentueux, Khaled Drerani incarne aujourd’hui la liberté de la presse à travers le monde.
Il y a du journalisme de connivence, de révérence. Lui a fait plus qu’incarner sa profession, il a introduit un style, un ton et une qualité suprême du journalisme : l’irrévérence. Khaled Drerani est en cela fidèle à ces lignes d’Albert Londres qui, dans Nuit d’ébène, écrit : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Correspondant en Algérie de TV5 Monde et représentant de Reporters sans frontières, Khaled Drerani est une conscience aiguë du journalisme, son professionnalisme est à toute épreuve.
Esprit libre et indépendant, il a repoussé toutes les tentatives de corruption, résisté aux menaces et aux harcèlements policiers. Cet esprit d’indépendance ne passe pas auprès du pouvoir algérien et c’est pour cette raison, uniquement pour cette raison, que Khaled Drerani est incarcéré depuis le 29 mars. Il a été condamné lors de son procès en août dernier à trois ans de prison pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale » dans le cadre du Hirak, mouvement de soulèvement populaire en Algérie. Sa peine a été ramenée en appel à deux ans d’emprisonnement.
Aux côtés de Reporters sans frontières, SOS Racisme est mobilisé pour obtenir sa libération. J’ai eu la chance de rencontrer Khaled Drerani il y a tout juste un an à Dourdan, aux Universités d’automne de SOS Racisme. Il était venu faire une conférence sur le Hirak car personne n’a mieux que lui couvert et documenté ce mouvement de soulèvement populaire en Algérie. A l’issue de cette intervention brillante, étayée, factuelle, je me souviens lui avoir demandé ce que nous pouvions faire de ce côté-ci de la Méditerranée pour aider nos amis algériens ? Il m’a répondu qu’il fallait relayer les actions, évoquer ce qui se passe en Algérie dans nos réseaux, auprès de nos familles, de nos amis. Informer, toujours informer.
Aujourd’hui, alors que Khaled Drerani est injustement empêché d’exercer son métier, je suis heureux de constater la mobilisation internationale pour défendre ce combattant de la liberté et réclamer sa libération. Cet engagement, notamment de certaines municipalités françaises qui ont affiché son portrait sur la façade de leur mairie, est un engagement profondément démocratique. Alors oui il faut continuer à dire #FreeKhaled !
CV express
52 ans. Marié. Gestionnaire d’indemnisation assurances dans une mutuelle, en cohérence avec les valeurs de solidarité et de fraternité. Responsable départemental de l’association SOS Racisme, membre permanent du bureau national. Soucieux des autres et très attaché aux valeurs de la République.
J’aime : les gens bienveillants, la diversité, la lecture, les repas entre amis, la lecture et la marche à pied.
J'aime pas : la violence, le manque de respect, le cynisme et l’hypocrisie.
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