Aujourd'hui
Petit journal d’une confinée pas toujours très fine. Jour 4.
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : vendredi 20 mars 2020Chaque jour, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée comme les autres. Une quarantenaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagnera au cours des prochaines semaines.
Je poursuis mes bonnes résolutions. Après la nourriture saine, je reprends le sport. Enfin, plutôt une activité physique. On peut faire beaucoup de choses chez soi sous forme d’exercices de musculation avec nos objets du quotidien. Le balai est aussi merveilleux pour s’étirer le dos et ce n’est pas un luxe en ce moment, d’autant plus que je ne suis pas près de me rallonger sur la table de mon ostéopathe !
Ensuite, je décide que courir sur place est aussi possible et cela constituera une sorte de petite revanche pour mon voisin du dessous qui, du jeudi au dimanche soir, hiver comme été, depuis bientôt trois longues années, organise à domicile d’étranges « réunions ». L’activité favorite des invités est, au bout de quelques heures, c’est-à-dire vers 2 ou 3 heures du matin, de taper sur les murs. Cette incontestable crise me permettra donc de remettre les pendules à l’heure tout en prenant soin de ma ligne. Allez, courage, mes cuisses me remercieront à la fin du confinement !
Du coup, je suis ravie de ma trouvaille. Plusieurs jours avant le début de l’isolement, la non-geek que je suis a découvert que son téléphone recensait chaque jour le nombre de pas effectués : « Pas besoin de m’acheter un podomètre pour la reprise du sport », m’étais-je dit. Seulement maintenant, même dans l’appartement, il me faut passer à l’action. Et ce compte journalier me permet de m’extasier devant la distance que l’on peut parcourir entre quatre murs !
Quand je lis qu’à présent nos autorités ont demandé que le « jogging » n’excède pas 2km, je me dis qu’on en est loin, mais que c’est faisable avec d’innombrables allers-retours entre ma salle de bain et ma chambre. Reste à organiser le parcours sans obstacles pour éviter de « se casser la binette », comme disait ma grand-mère. Du coup, le nouveau défi quotidien, pris en ce quatrième jour de confinement : faire au moins 6 000 à 7000 pas chaque jour pour rester en forme et tout noter pour être fière de moi à la fin. Allez, des objectifs ma belle, on arrête de réagir et on agit !
Les pendules se remettent également à l’heure dans ma vie, mes sentiments… Le fait d’être seule, de ne plus sortir du tout (maladie auto-immune oblige encore plus), de ressentir cette atmosphère pesante, ne serait-ce qu’en ouvrant la fenêtre (plus de bruit de voitures, quelques personnes qui marchent seules avec ou sans masque), m’aide à (re)prendre conscience de l’essentiel. Je mets tout à plat : les amitiés, les rencontres, les ambitions, les projets… Et j’aime cette idée au fond, celle que l’on peut décider à tout instant de ce qu’on veut à nouveau ou plus du tout dans sa vie. De ce point de vue-là, le confinement a du bon. On ne peut plus sortir, c’est vrai, et réjouissons-en nous car c’est pour notre bien commun, mais notre libre-arbitre pour nos choix de vie demeure.
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