Aujourd'hui
Le gouvernement a fait marche arrière sur la mise en place d’un équivalent français du « Dry January » anglo-saxon, ou « Janvier sec ». Or, de l’avis d’un addictologue, s’abstenir de boire de l’alcool pendant un mois ne peut être que bénéfique.
Le Mois sans tabac, novembre pour ceux qui auraient fermé les yeux sur la vaste campagne de communication menée par Santé publique France, est désormais gravé dans le marbre du calendrier. Il n’en est pas de même, loin s’en faut, du « Dry January » ou « Janvier sec ». De toute évidence, le mouvement, largement suivi outre-Atlantique, peine à traverser la Manche alors que « l’alcool est la substance la plus dangereuse au monde, selon l’Organisation mondiale de la santé, rappelle le Dr Wilfried Serra. Il présente non seulement un risque sanitaire mais aussi social. »
Le responsable de la filière addictologie au CH Laborit, à Poitiers, ne s’étonne pas du choix du gouvernement, fin novembre, de ne pas soutenir l’initiative, pourtant souhaitée par plusieurs associations de lutte contre les addictions. Ces réticences toutes françaises à instaurer un mois sans alcool ont plusieurs explications. Sans occulter l’argument économique, qui permet notamment de préserver la filière viticole française, le spécialiste constate qu’« il y a en France une histoire particulière avec l’alcool ». Les chiffres sont là pour le confirmer. Même si la consommation a diminué de moitié en cinquante ans, passant de 24 litres à 12 litres d’alcool pur par an et par personne, « entre 92 et 95% des personnes l’ont déjà expérimenté. C’est une question de culture. Les enfants sont associés très tôt à des rites sociaux qui présentent l’alcool comme festif, avec des gens qui rient, détendus lorsqu’ils sont autour de l’apéritif... » Ou pendant les fêtes de fin d’année...
« Les risques sont liés à la quantité »
« C’est une drôle de maladie, remarque Nicole, alcoolique abstinente depuis plusieurs années. Au départ, on ne veut pas se l’avouer, on cherche toutes sortes d’excuses pour justifier notre consommation. Le Dry January peut peut-être favoriser une prise de conscience mais, personnellement, j’aurais acheté une bouteille et continué à boire en cachette. » L’effet potentiel d’un Janvier sec ne doit donc pas être considéré à l’aune de la dépendance. « Les risques sont liés à la quantité. Et ils sont exponentiels. Plus on boit, plus on meurt, simplifie volontairement le Dr Serra, soulignant que « 20 à 25% de la population française a un problème avec l’alcool ». Aussi, « ce genre d’initiative questionne notre rapport à l’alcool. Est-ce que ce ne serait pas mieux si on ralentissait notre consommation ? Cela permet de savoir où l’on en est... ». A défaut de Dry January, l’addictologue avance trois principes de base : « 1, je ne bois pas tous les jours ; 2, je bois moins de dix verres par semaine ; 3, je bois moins de deux verres par occasion. »
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