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Abeilles, fidèles amies de l’Homme
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : vendredi 13 décembre 2019Et si les abeilles étaient plus rentables pour les agriculteurs que les pesticides ? Et si les grandes parcelles céréalières réduisaient les rendements ? Des chercheurs du CNRS brisent quelques idées reçues et lancent le débat sur un enjeu mondial.
En avril 2018, deux organismes de recherche indépendants constataient la disparition -« à une vitesse vertigineuse »- des oiseaux dans les campagnes françaises. Leurs nombre avait diminué d’un tiers en quinze ans. Hirondelle, caille, fauvette grisette, bruant ortolan... Au total, une trentaine d’espèces sont concernées. A cette époque, Le 7 avait titré « Les oiseaux meurent en silence » (Le 7 n°396). Autant le dire tout de suite, la situation n’a pas changé de ce côté-là. En revanche, le Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres), à la manœuvre pour ce rapport, a récidivé. Sur les abeilles cette fois. Et le bilan n’est pas plus flatteur.
Les abeilles sont clairement en voie d’extinction. Un élément illustre bien l’absurdité des actions humaines en la matière. Les abeilles meurent alors que leur rôle dans la pollinisation de cultures comme le colza et le tournesol n’a jamais été aussi essentiel. « A rendement égal, un agriculteur gagne plus d’argent avec elles, dont le travail est gratuit, qu’avec l’agrochimie », souligne Vincent Brétagnolle, agro-écologue au CNRS et fondateur de la zone atelier Plaine et Val de Sèvre, où ont été menées ces observations publiées début octobre dans la revue Proceeding of the Royal Society. Mieux, lorsque les pollinisateurs sont très nombreux, les rendements peuvent croître de 30%. « Ce n’est pas de la théorie. Ces données viennent de la nature », insiste l’expert.
Des herbes pas si mauvaises
Reste à savoir comment faire revenir les abeilles ? « Cette réflexion doit être lancée à l’échelle d’un large territoire », admet Vincent Bretagnolle. Dans une autre étude (internationale) à laquelle a participé le Centre de Chizé et publiée cette fois dans Sciences Advances, son équipe a mis en évidence l’effet néfaste de la simplification des paysages agricoles sur la biodiversité. Autrement dit, les vastes parcelles céréalières, dépourvues de haies, bandes enherbées, murets et autres arbres isolés. Vive les paysages composites, avec des zones semi-naturelles, des cultures différentes, des prairies ! Mais ce n’est pas vraiment la tendance actuelle. Cette « uniformisation » réduit la présence d’espèces différentes, ce qui affaiblit de 50% la régulation naturelle des ravageurs de cultures et affecte l’efficacité de la pollinisation à hauteur de 30%. Mauvais calcul ! Et si on gardait même les mauvaises herbes ? Vincent Bretagnolle préfère parler d’adventices car elles ne sont pas mauvaises pour tout le monde. « C’est un équilibre à trouver. Pour certaines cultures, elles font revenir les abeilles et donc accroissent les rendements. » La boucle est bouclée. A noter que ces travaux ont été compilés dans un rapport baptisé Ecobiose remis le 2 décembre au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. La restitution publique est visible sur ecobiose.fr.
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