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Le festival de Cannes n’est qu’une vitrine du 7e art qui, en France, passe beaucoup par des « petits » cinémas mono-écran, souvent classés Art et Essai et au cœur d’un éco-système fragile.
Le festival de Cannes, son tapis rouge et ses stars. Il serait réducteur de réduire le cinéma à cette grand-messe qui aura lieu dans quelques jours sur la Côte d’Azur. Du multiplexe à la salle unique, la France abrite un maillage dense de cinémas de toutes tailles. Avec plus de 5 700 salles réparties dans plus 2 000 établissements, le pays détient le record européen du nombre d’écrans.
Comment les « petits », souvent classés Art et Essai, parviennent-ils à tirer leur épingle du jeu dans cette offre pléthorique ? En finançant la diffusion de certains films grâce à d’autres à plus forte audience. « C’est un doux équilibre,confie Mathias Bonneau, adjoint de direction au cinéma de Gençay -une salle, un salarié, une trentaine de bénévoles. « Art et Essai ne veut pas dire film sans public. Il faut trouverl’équilibre entre les films dits commerciaux, des films Art et Essai dits « porteurs » comme tout récemment Grâce à Dieu, Dumboou le prochain Tarantino, et des films Art et Essai plus confidentiels, que l’on va prendre pour élargir notre programmation, faire découvrir les cinémas étrangers souvent. » A cette liste Pascal Robin, directeur des 400 Coups, à Châtellerault, ajoute « les films d’auteurs que l’on suit, les films dans l’air du temps, les demandes d’associations locales... »
Ententes de programmation
Pour négocier avec les distributeurs et mutualiser l’exploitation des copies, la plupart des cinémas mono-écran du département sont constitués en ententes de programmation. D’autres ont leur propre réseau, comme Le Dietrich, à Poitiers. Ils parviennent à programmer entre 200 et 250 films par an. Mais mieux vaut viser juste. Les chiffres en témoignent. La billetterie représente 70% des recettes du cinéma gencéen (26 000 entrées/an), 48% de celui des 400 Coups à Châtellerault (30 à 35 000 entrées/an) et 54% de celui du Dietrich (32 000 entrées/an). Pour ne citer qu’eux.
Des choix de programmation dépendent aussi en partie le classement en Art et Essai et ses trois labels : Jeune public, Recherche et découverte, Patrimoine et répertoire. A la clef, quelques subsides non négligeables. Ils représentent 11% des recettes au Dietrich, 16% à Gençay et 12% aux 400 Coups. « C’est un peu la chasse à la prime », constate Pascal Robin.
Ces « petits » cinémas comptent aussi sur le soutien financier ou matériel (les locaux) des collectivités. « Aujourd’hui, on ne peut pas survivre sans subventions. Historiquement, nous fonctionnions avec beaucoup de bénévoles. Aujourd’hui certaines normes nous contraignent à avoir davantage de salariés(ndlr, quatre au Dietrich) », explique Marjorie Dangel.
La directrice du Dietrich reste silencieuse sur la décision prise lundi 29 avril par le conseil d’administration quant au possible déménagement du cinéma au futur Pôle image des Couronneries, à Poitiers. Dans la balance, avec le reste, « le fort attachement au lieu » que souligne Pascal Robin, qui ne s’étonne plus d’entendre avant une séance : « Est-ce que ma place est libre ? »
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