Le pari de la jeunesse

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, qui déroulera sa 46eédition du 24 au 27 janvier prochain, décerne depuis 1981 un Prix jeunesse. Toutefois, la BD ne représente que 13% du toujours plus vaste marché de la littérature jeunesse. Rencontre avec un éditeur et un illustrateur poitevins qui ont réussi à s’y faire une place.

Claire Brugier

Le7.info

Malgré 17 000 titres vendus en 2018, soit environ 83 millions de livres, le marché français de la littérature jeunesse accuse un léger fléchissement ces deux dernières années (-6,58% en volume et en valeur). Rien de très inquiétant toutefois. Pour preuve, le 34e Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil a battu des records de fréquentation fin 2018, avec 179 000 visiteurs sur six jours. Soit autant de regards à accrocher pour les auteurs et les dessinateurs. Comment ? « La couverture est très importante », souligne Laurent Audouin. 

Une fois n’est pas coutume, l’illustrateur poitevin des Aventures fantastiques de Sacré-Coeur et desAventures de Mirette, deux grands succès de librairie, a généreusement choisi de confier la couverture du premier tome de sa nouvelle série, parue en octobre dernier, aux étudiants de l’Ecole de design de Nouvelle-Aquitaine, installée Poitiers. Là où il a fait ses premières armes. « C’est un gros risque, il faut que la série n’ait pas vieilli dans dix ansMais je voulais rendre à l’école ce que j’avais pu y trouver. »

Son éditeur, non moins Poitevin, lui a laissé carte blanche. Pourtant, « je publie une trentaine de bouquins par an et ce sont toujours des graphistes qui font mes couvertures », rappelle Stéphane Duval. Bien connu dans le monde des mangas à travers Le Lézard noir (Prix du patrimoine au festival d’Angoulême 2018), il a créé en 2007 une collection jeunesse, Le Petit Lézard (15% des titres publiés). «  Je ne fais que des petits tirages, pour ne pas surstocker. Mon ADN, c’est le Lézard noir. La littérature jeunesse est un milieu très différent, trusté par de grandes maisons comme Bayard, L’Ecole des loisirs...»  

« Une grande liberté »

Laurent Audouin leur préfère Le Petit Lézard. «  Mon éditeur a la souplesse d’un petit et la rigueur d’un grandC’est une grande liberté, il n’y a pas une obligation de résultat immédiat. En 2011, lorsque l’on a sorti Sacré-Coeur, personne ne savait où le classer ; ce n’était ni un roman, ni une BD. En 2014, c’était exactement à ce qui était recherché. Il faut avoir de la chance. »

Bénéficiant du succès des séries précédentes, le premier tome de Victor et Adéliea eu droit à un tirage de 4 000 exemplaires.  « En littérature jeunesse, il y a surproduction : un livre chasse l’autre. Les séries permettent non seulement de développer des personnages sur le long terme mais aussi de fidéliser le lecteur. Les auteurs et illustrateurs jeunesse comme Rebecca Dautremer ou Benjamin Lacombe, qui ne vivent que de leurs albums, sont rares. »

Dans cette jungle de papier, les libraires aussi peinent à se frayer un chemin car,constate Lola Abasq, de la librairie La Belle Aventure à Poitiers,il y a le fond, que l’on conserve d’une année sur l’autre, et les nouveautés de l’année. » Et le tout doit tenir dans des rayons qui ne sont pas extensibles.

 

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