Les maladies nosocomiales sous surveillance

Le CHU de Poitiers et le groupement hospitalier Nord-Vienne apportent une attention toute particulière à la lutte contre les maladies nosocomiales. Dans les deux établissements, le taux de prévalence est très en deçà de la moyenne nationale.

Claire Brugier

Le7.info

Depuis 1996, tous les cinq ans, une enquête de prévalence des infections nosocomiales  et des traitements anti-infectieux est réalisée au niveau national. Chaque année -en l’occurrence cette semaine-, le CHU de Poitiers mène sa propre étude, « sur une journée, pour avoir une radio de l’établissement à un instant T, à partir des dossiers des patients hospitalisés », explique le docteur Olivier Castel. Le responsable de l’unité d’hygiène hospitalière porte un regard critique sur la baisse de 20% dont se félicitait tout récemment l’Assistance publique - Hôpitaux de France. « Ils ont atteint le taux (6,5%) que l’on avait en 1996 ! », remarque-t-il. 

En 2017, le pourcentage de patients confrontés à une infection contractée lors ou à la suite d’un séjour au CHU a été de 4,9%. Contre 7,4% en moyenne en France dans les hôpitaux universitaires. La Milétrie, qui accueille 60 000 patients par an, affiche un taux stable mais difficilement compressible, dû à ce qu’Elise Benyayer appelle « un risque inévitable ». Le risque zéro n’existe pas mais « le risque d’infection nosocomiale est l’un des plus maîtrisés à l’hôpital. Les procédures sont réévaluées tous les quatre ou cinq ans »,assure la directrice adjointe à la gestion des risques. Il en est de même au sein du Groupement hospitalier Nord-Vienne. Dans l’établissement de Châtellerault-Loudun, qui a enregistré 47 730 entrées en 2017, « le taux de prévalence était de 0,042% », note Marie-Claire Picard, infirmière hygiéniste, alors que la moyenne nationale est de 5% dans les établissements non universitaires. « Nous avons constaté 108 infections nosocomiales, surtout urinaires. »

Solution hydroalcooliques, une révolution !

Au CHU et au GHNV, un Comité de lutte contre les infections nosocomiales* se réunit tous les trimestres. Une Equipe opérationnelle d’hygiène (EOH), composée de médecins et infirmières, oeuvre au quotidien. Elle s’appuie, dans chaque service, sur des référents hygiène. Une grande attention est mise sur « la sensibilisation des personnels », notamment dans des services à risques comme la chirurgie ou la gériatrie. « Les personnels n’ont pas peur de révéler les cas d’infections nosocomiales car cela permet ensuite d’identifier les problèmes, précise le Dr Castel.80% sont des infections respiratoires, urinaires, du site opératoire ou des bactériémies. Dans la majorité des cas, l’infection n’a pas de conséquence grave pour le patient mais prolonge la durée des soins. » 

Outre l’attention apportée à l’antibioprophylaxie, deux changements de pratique majeurs ont permis de réduire sensiblement les risques : l’usage croissant de solutions hydroalcooliques en lieu et place du classique lavage de mains et le développement des dispositifs à usage unique, qui ont supplanté la stérilisation. A titre d’exemple, en 2017, le CHU a consommé 17 218 litres  de solution hydroalcoolique, contre 183 litres en 2003 ! 

*Le CLIN est composé de médecins et soignants, infectiologues, pharmaciens, usagers et représentants de la direction.

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