Classes externalisées : l’école comme les autres

Voie possible vers l’inclusion, les classes externalisées se multiplient sur le département, avec des premiers retours d’expérience encourageants.

Claire Brugier

Le7.info

Ils ont fait leur rentrée une semaine après leurs camarades, mais ils ont fait leur rentrée. Comme les autres. Et à les voir jouer dans la cour de l’école Anne-Franck de Thuré, Léane, Théo, Léana, Amina et Maëva semblent déjà avoir apprivoisé leur nouvel environnement. Un début encourageant pour l’Institut médico-éducatif Henri-Wallon de Châtellerault, qui a mis en place cette année deux « classes externalisées » destinées à favoriser l’inclusion d’enfants handicapés, l’une en école élémentaire et la seconde en collège, à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers.

Directeur du Pôle enfance de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), Bruno Massonneau insiste sur la phase de réflexion et l’adhésion des partenaires dans la genèse de ce projet, parmi lesquels l’Education nationale. « Il ne s’agit pas de classes d’inclu- sion mais de classes externalisées. Certes, cela peut devenir une voie vers l’inclusion, mais il ne faut surtout pas mettre les enfants en difficulté. » Le dispositif tient compte de leurs capacités cognitives et relationnelles. Les petits pensionnaires de l’IME participent plusieurs demi-journées par semaine à la vie de la collectivité, tout en bénéficiant d’un enseignement adapté dans une classe dédiée, en l’occurrence l’ancienne bibliothèque de l’école transformée à leur attention par la municipalité. « Les enfants sont ravis d’aller à l’école, même si ce n’est pas évident de sortir du milieu très protégé de l’IME. Cela peut leur apporter beaucoup en sociabilité et partage », souligne l’enseignante Delphine Cottineau qui travaille en binôme avec une éducatrice spécialisée. Parallèlement, un deuxième enseignant assure la classe au sein de l’IME Henri-Wallon.

« Des ruptures dans le parcours des enfants »
Un dispositif similaire a été mis en place dès la rentrée 2017 au collège France-Bloch-Sérazin, par le Comité poitevin pour l’éducation et l’accompagnement spécialisés. Un an plus tard, le bilan est positif. « Les enfants ont repris confiance en eux et se sont sentis valorisés de pouvoir dire qu’ils allaient au collège, constate le directeur du Comité Yann Le Berre. Certains ont témoigné d’une nouvelle appétence pour le travail scolaire, d’autres ont redoublé de motivation pour pouvoir intégrer la classe. » Les douze élèves de la classe externalisée suivent le même rythme quotidien que les autres. « Cette année, l’objectif est un peu différent : les enfants connaissent le fonctionnement du collège, on va donc pouvoir envisager des activités en commun avec les autres collégiens. » Le Comité prévoit également de « revisiter le projet du lycée pour poursuivre leur prise en charge ». De fait, « il existe aujourd’hui des ruptures dans le parcours des enfants, déplore Catherine Wathelet, présidente de l’Association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales (Adapei 86) qui reste vigilante. « La transition inclusive est un chemin qui ne concerne pas tous les enfants », rappelle-t-elle. Et « l’inclusion ne concerne pas seulement le milieu scolaire ».


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PARTENARIAT
Aux petits soins des élèves sourds

A Poitiers, les élèves sourds béné cient depuis de nombreuses années d’un accueil tout particulier. Le groupe scolaire publique Marcel-Pagnol, dans le quartier de Bellejouanne, reçoit seize enfants suivis par l’Institut régional des jeunes sourds (IRJS), qui met à disposition quatre enseignants spécialisés. Un orthophoniste et deux éducateurs aident à la socialisation sur les temps périscolaires. Par ailleurs, un enseignant en langue des signes française traduit les cours et transmet quelques rudiments aux entendants. Répartis sur quatre niveaux, les élèves sourds sont mélangés aux autres à la cantine, dans la cour et bien sûr en classe. Des moments sont réservés à des apprentissages spéci ques en groupe. De la même façon, l’école Paul-Blet, près de Blossac, a signé de longue date une convention avec l’association Deux langues pour l’éducation (2LPE).

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