Les « dys » dans la lumière

Selon le Dr Alain Pouhet, entre 5 et 10% des enfants français souffriraient de « dys », des troubles de l’apprentissage qui leur gâchent la vie, en milieu scolaire mais pas seulement. La problématique nécessite une coordination sans faille entre parents, médecins et enseignants.

Arnault Varanne

Le7.info

Dès les premiers mois de sa vie, elle a senti que sa fille ne « fonctionnait pas comme les autres ». Amelle a appris à marcher « laborieusement ». Surtout, à son entrée à l’école, elle ne dessinait jamais et ne touchait à aucun jeu de construction ou puzzle. « On me disait « Ce n’est pas son truc » », se souvient Frédérique Bouzelif. Jusqu’à ce que l’enseignante lui parle de dyspraxie, après avoir vu un reportage à la télé. Dès lors, l’éducatrice de jeunes enfants s’est rapprochée du Dr Alain Pouhet, spécialiste des questions liées aux « dys ». Et le diagnostic est tombé. Amelle souffre de dyspraxie, une incapacité à « exécuter correctement des mouvements lors de l’apprentissage (…). »

Aujourd’hui, la jeune fille suit une scolarité « normale », en 5e. Mais elle ne se déplace jamais au collège sans une Auxiliaire de vie scolaire (AVS) et son ordinateur. Elle s’adapte, et son environnement avec, pour que ses apprentissages « se fassent normalement ». « Les enfants dys sont intelligents, mais ils ne peuvent pas mettre en pratique cette intelligence car ils ont un outil défaillant », appuie le Dr Alain Pouhet, auteur de livres qui fon référence sur cette question. Comme la fille de Frédérique Bouzelif, deux cent cinquante-cinq enfants de la Vienne bénéficient, dans les 1er et 2nd degrés (*), d’une reconnaissance de leur trouble par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

« Diagnostic plus précoce »

Tous ne bénéficient pas d’une AVS, mais l’Inspection académique ne lésine pas sur les moyens, notamment matériels, pour leur venir en aide. « Au niveau de l’académie, 80% des élèves du 1er degré ont une AVS, 60 dans le 2nd degré », commente Philippe Marsault, inspecteur de l’Education nationale en charge de ces questions. Au-delà du suivi de ces élèves, se pose la question du diagnostic. Le Dr Alain Pouhet aimerait qu’il soit « encore plus précoce ». « Parfois, on se dit qu’un enfant doit faire des efforts, qu’il doit se donner les moyens. Mais il en est incapable. Un enfant qui a des troubles du langage saura parfaitement copier au tableau et sera incapable de rédiger une dictée. Il faut donc déceler au plus tôt ces incompréhensions. »

Les mentalités ont toutefois changé dans l’Education nationale, sur ces questions de handicap et d’enseignement adaptée. « Les adaptations pédagogiques profitent à tous les élèves », fait remarquer Marie Bregeon. Mais l’Inspectrice de l’Education nationale, dédiée à l’Adaptation et la scolarisation des élèves handicapés, insiste sur la nécessité de ne « pas poser de maux tant qu’il n’y a pas un diagnostic médical ». La réussite d’un élève dépend quoi qu’il en soit, des liens entre parents, enseignants et médecins. « Tous les ans, un ou deux professeurs font semblant de ne pas comprendre, témoigne Frédérique Bouzelif. Maintenant, dans l’ensemble, les choses se passent plutôt bien… » Plus tard, Amelle aimerait être auxiliaire-vétérinaire.



(*) Hors les dyspraxiques, qui entrent dans la catégorie des troubles moteurs. Il existe trois associations de référence dans la Vienne : Dyspraxiques mais Fantastiques, Dys en Poitou et Handicap école.

 

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