Vaccins : une obligation, pas de consensus

Les enfants nés après le 1er janvier 2018 n’y couperont pas. Leurs parents devront obligatoirement les soumettre à quatre injections, censées combattre onze pathologies. Une mesure qui laisse les Français sceptiques, c’est un euphémisme.

Arnault Varanne

Le7.info

Selon le dernier Baromètre santé 2016, la défiance à l’endroit de la vaccination ne cesse de grandir. 75% des 15-75 ans interrogés y seraient favorables, contre 79% en 2014. Santé publique France tire notamment la sonnette d’alarme en Nouvelle-Aquitaine où, en dehors de la diphtérie-tétanos-poliomyélite, la coqueluche, l’influenza b et le pneumocoque, « la vaccination des enfants de 2 ans est insuffisante ». C’est précisément pour combattre le retour en force de certaines maladies que la ministre de la Santé rend désormais obligatoires onze vaccins, contre trois auparavant : diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP), coqueluche, haemophilus, influenza B, hépatite b, méningocoque C, pneumocoque, rougeole, oreillon, rubéole.

En pratique, tous les enfants nés après le 1er janvier 2018 devront « passer » par ces quatre injections. « Nous avions demandé une politique volontariste et nous avons été entendus, se réjouit Franck Duclos, président du Conseil de l’ordre des médecins de la Vienne. Ces dernières années, les médias ont relayé beaucoup de polémiques, ce qui peut expliquer le scepticisme des Français. Hélas, on ne fait pas la Une des journaux avec un enfant qui meurt de la rougeole… » N’en déplaise au « médecin des médecins », les médias s’intéressent aussi à la couverture vaccinale des principales pathologies. Nos confrères de Sud Ouest ont ainsi fait état de l’épidémie de rougeole qui sévit sur le campus universitaire de Bordeaux : 77 cas recensés, 12 hospitalisations.

« Des effets à long terme »

« Le rapport avantages-inconvénients des vaccins est largement démontré, estime un praticien poitevin, qui constate davantage de « négligence sur les rappels » qu’une « vraie opposition de principe ». Au nom de la Ligue pour la liberté des vaccinations, Bernard Guennebaud prend l’exact contrepied de la communauté scientifique, arguant des « effets à long terme » de vaccins comme le Prevenar ou des liens entre « la vaccination et des maladies telles que l’autisme ou la sclérose en plaques ». Le mathématicien en retraite multiplie les arguments en défaveur de l’obligation vaccinale. Un combat difficile à remporter au regard de la quasi-unanimité sur le sujet de la communauté scientifique.

Du reste, le gouvernement a promis de durcir le ton à l’endroit des parents récalcitrants, qui pourraient se voir refuser l’accès en crèche ou à l’école pour leurs enfants. A ce jour, ils ont trois mois pour se mettre en conformité. Dans le cas contraire, le rectorat signale le problème à l’Aide sociale à l’enfance du Département.

 

Piqûre de rappel
Depuis le fiasco de la vaccination contre la grippe H1N1, en 2009, les Français se méfient comme de la peste des molécules qu’on leur administre. Même la grippe saisonnière, pourtant meurtrière, ne convainc plus forcément les seniors qu’une piqûre de rappel est nécessaire pour passer l’hiver sans encombre. Liens supposés avec certaines pathologies, effets de l’aluminium, des adjuvants, résistance aux maladies, entente entre labos... Les « anti » se démultiplient dans la presse et sur les réseaux sociaux, de façon à inoculer le virus du doute à leurs compatriotes. Force est de constater que leur message est entendu, au point de jeter les bases d’un nouveau débat: liberté individuelle (de rester loin des seringues) contre sécurité collective. Faut-il ainsi craindre de nouvelles pandémies ? Constater impuissant la résurgence de pathologies qu’on croyait éradiquées ?... D’une certaine manière, le discrédit sur les vaccins obéît au même mécanisme que d’autres sujets. La parole publique et officielle a perdu du crédit. Elle est devenue l’objet de toutes les suspicions. Hélas. 
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