Pas de sélection, mais des conditions

Annoncé le 30 octobre, le plan Etudiants vise à redéfinir les conditions d’accès à l’université. A Poitiers, ces mesures plongent les acteurs locaux dans l'expectative.

Arnault Varanne

Le7.info

Le plan Étudiants présenté par la ministre de la Recherche, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, redéfinit les conditions d’accès à l’université. Mais il manque de précisions sur plusieurs mesures. Même l’avant-projet de loi, que s’est procuré le site spécialisé EducPros.fr, reste vague sur les modalités d’application du « contrat de réussite pédagogique » ou sur l’orientation des étudiants. La situation devrait s’éclaircir d’ici au 22 novembre, date de la présentation officielle du texte en conseil des ministres. La Fage, majoritaire à Poitiers à travers l’Afep, salue déjà une « réforme ambitieuse », qui « donne le dernier mot au bachelier pour son orientation », tout en réclamant une « hausse des capacités d'accueil des filières ».

Le constat
Le baby-boom des années 2000 et la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur entraînent de plus en plus de bacheliers vers des études supérieures. Dans le même temps, le taux d’échec est toujours aussi important. Au niveau national, seuls 27% des étudiants ont leur licence en trois ans, 39% en quatre ans.

Un « contrat de réussite pédagogique »
La faculté ne refusera pas une candidature, mais pourra la conditionner à une remise à niveau de quelques semaines à douze mois, pour les jeunes qui ne disposeraient pas des bases indispensables à l’obtention du diplôme. 450M€ sont promis pour financer la mise en place des nouveaux cursus. Mais qui se chargera de dispenser ces cours ? L’Unef considère cette mesure comme un « barrage filtrant vers l’université afin de ne conserver qu’une élite ». Pour Steven Prioul, représentant du syndicat étudiant à Poitiers, la solution consiste à « accroître les capacités d’accueil des universités, permettre aux étudiants de suivre des études sans se salarier et améliorer l’information sur les filières ». L’Unef prévoit un mouvement de contestation en décembre.

Les pré-requis confirmés
Du côté des filières en « tension », le principe des pré-requis, que le « 7 » présentait mi-septembre (n°368), est entériné. Exit le tirage au sort injuste pour tous les étudiants recalés, malgré un projet pro- fessionnel bien ficelé. La Conférence des doyens et directeurs de Staps se félicite « d’avoir été entendue ». A Poitiers, l’UFR de Sciences du Sport a reçu l’année dernière 800 candidatures pour 410 places... Dorénavant, la série du bac, les notes obtenues dans les matières scientifiques et en français, comme les capacités physiques ou l’investissement associatif, seront prépondérants. « Nous allons également créer des passerelles vers les formations du Creps, de Jeunesse et Sports ou les certifications pro- fessionnelles des fédérations », poursuit le directeur Aurélien Pichon.

Orientation, les profs à la manoeuvre
Deux professeurs principaux seront désignés en terminale pour « accompagner individuellement les élèves dans la construction de leur projet d’études », qui sera également examiné par le conseil de classe. Deux semaines seront dédiées à l’orientation durant l’année. Pour Magalie Espinasse, secrétaire acadé- mique Snes-FSU, « on assiste à un transfert de compétences des conseillers d’orientation psychologues, dont on ne parle plus, vers les enseignants ». « Sauf qu’ils ne connaissent pas forcément les attendus de chaque filière. Pour s’informer, le gouvernement leur répond « débrouillez-vous ! ». » 

Photo Archives 7 à Poitiers 

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