Vendus en pharmacie sans ordonnance, des autotests permettent de diagnostiquer différentes pathologies à partir d’une seule goutte de sang. Leur utilité reste à démontrer.
Maladie de Lyme, cholestérol, infection urinaire, VIH… Toutes ces pathologies peuvent être diagnostiquées chez vous en quelques minutes, grâce aux autotests. Ces kits vendus en pharmacies ne nécessitent qu’une goutte de sang pour délivrer leur verdict. Mais sont-ils véritablement utiles ?
En ce qui concerne l’autotest du VIH, la réponse des professionnels de la santé poitevins s’avère unanime… C’est un oui. « L’objectif est évidemment d’augmenter le taux de dépistage, affirme Marie-Hélène Tessier présidente départementale du syndicat des pharmaciens. Les autotests complètent parfaitement les dispositifs existants, en s’adressant à des gens qui recherchent surtout la confidentialité. Ils sont fiables, si la « prise de risques » date de plus de trois mois(*). »
Ce test nécessite tout de même un accompagnement. « Il est important de poursuivre la pédagogie et ne pas laisser le patient seul face à son résultat, précise le professeur France Roblot. Si le test est positif, il doit le confirmer en réalisant une prise de sang, puis bénéficier d’un parcours de soin. »
Pas d'intérêt pour lyme ou le cholestérol
La cheffe du service des maladies infectieuses du CHU de Poitiers se montre en revanche sceptique sur la nécessité d’un autotest pour détecter la maladie de Lyme. « Nous prenons les choses à l’envers, lâche-t-elle. Quand on a des symptômes, on va voir le médecin qui, lui, pose le diagnostic. Qui plus est, il n’y a pas de caractère d’urgence ou de risque de transmission. »
Endocrinologue au CHU, Richard Maréchaud livre une analyse similaire au sujet de l’autotest du cholestérol. « Je n’ai encore jamais vu un patient venir en consultation en affirmant « J’ai effectué moi-même un dépistage du cholestérol… ». Et je ne vois pas bien à quoi cela peut servir puisque, de toute façon, nous allons demander une prise de sang pour élaborer correctement un traitement. »
Le professeur met davantage l’accent sur les dispositifs de mesure de glycémie pour les diabétiques qui, eux, « sont indispensables ». Grâce à ces tests, les malades ont pu se passer des « goûteurs d’urine » qui, jusqu’au XIXe siècle, évaluaient ainsi la présence de sucre. Un progrès indéniable…
(*) Moins de quatre heures après un rapport non protégé, procurez-vous aux urgences un traitement post-exposition. Six semaines après, faites une prise de sang dans un centre de dépistage.
Autotest du VIH, un succès en trompe l’œil ?
Lancés en octobre 2016, les autotests de dépistage du VIH fabriqués par les laboratoires Mylan se seraient vendus à plus de 150 000 exemplaires. À Poitiers, toutes les pharmacies ne le proposent pas. « Nous n’avons pas de demande, donc nous n’en commandons pas », confi e un pharmacien. Le prix -27€ l’unité, non remboursé- peut être un frein. Dans un centre, le dépistage est gratuit