Les génériques, pas encore automatiques

La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) lance une nouvelle campagne de sensibilisation à la prise de médicaments génériques. Dans la Vienne, leur délivrance permet une économie de plus de 8M€ par an. Des marges de manœuvre existent encore.

Arnault Varanne

Le7.info

Tous coupables, tous responsables. D’une certaine manière, le système de santé appartient à tous les Français. Alors, d’une certaine manière aussi, médecins, pharmaciens et patients ont l’impérieuse obligation de faire des efforts pour ne pas creuser le trou de la « Sécu ». En particulier sur le segment des médicaments, qui représente un tiers des dépenses de soins de « ville » (hors hôpital). « Dans un département comme la Vienne, le générique permet une économie de 8M€ par an pour un taux de délivrance de 83,4%(*), soit l’équivalent du coût des traitements contre les cancers en soins de ville sur une année », indique Maryline Lambert, directrice de la Caisse locale.

Certes, les mentalités ont « bien évolué » en vingt ans. Certes, le taux de délivrance n’a cessé de progresser, même si quarante-neuf départements font mieux que la Vienne. Mais il reste des marges de manœuvre. « Nous nous sommes fixé l’objectif d’améliorer la délivrance de 5% à l’horizon 2018 », ajoute Mme Lambert. D’où cette campagne de com’ lancée sur tout le territoire français. « Ce que l’on constate, c’est que 5 à 10% des médecins sont encore réticents », estime Bertrand Demondion, médecin-chef du service médical de la CPAM. Ou alors qu’ils n’osent pas dire non à leurs patients. » En début d’année, l’UFC Que Choisir avait révélé que 73% des ordonnances contenaient encore le nom de la marque du médicament et non celui de la molécule, une obligation depuis le 1er janvier 2015.

Une simple incitation

A l’autre bout de la chaîne, les particuliers portent évidemment une responsabilité. La CPAM a écrit à cinq cents d’entre eux, identifiés comme de gros consommateurs de médicaments princeps (d’origine). Objectif : les inciter à franchir le cap psychologique, sans toutefois pouvoir les contraindre. « Les molécules ont la même efficacité, sauf qu’elles sont tombées dans le domaine public », rassure le Dr Demondion. Reste les pharmaciens, dont la bonne volonté n’est pas en cause mais qui subissent parfois des pressions de la clientèle. La non-application du tiers payant en cas de refus d’un générique n’est, là aussi, « pas assez appliquée ».

Vous l’aurez compris, chacun doit prendre sa part, d’autant que le poids des maladies chroniques sur les finances de la Sécu s’avère de plus en plus lourd à supporter. A titre d’exemple, un traitement contre l’hépatite C revient à 50 000€ par patient pour trois mois.

(*) Le répertoire des médicaments génériques, donc de molécules tombées dans le domaine public, ne représente que 44% des médicaments prescrits, mais il s’étoffe d’année en année.

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