Depuis le 5 décembre, un décret de la loi Santé permet aux orthoptistes travaillant dans des cabinets d’ophtalmologie de réaliser des bilans visuels. Cette mesure, qui vise à réduire les délais d’attente de rendez-vous, porte déjà ses fruits.
Khadija n’en croit pas ses yeux. Dans la salle d’attente de Point Vision, à Poitiers, cette mère de famille et ses trois enfants s’apprêtent à effectuer un bilan visuel. Pour la Poitevine, décrocher quatre rendez-vous d’un coup était inespéré. Et pourtant. « Il y a quelques jours, je suis allé sur le site de Point Vision pour faire une demande. Je m’attendais à avoir six mois de délai minimum. Finalement, quatre créneaux étaient disponibles pour aujourd’hui. C’est parfait. »
Quarante minutes après son arrivée, la famille repart du cabinet ophtalmologique, le sourire aux lèvres... mais sans ordonnance ! « Nous avons recours à des orthoptistes à qui les ophtalmologistes délèguent la tâche du bilan visuel, explique François Pelen, président du groupe Point Vision. Ces derniers doivent toutefois valider le travail des orthoptistes a posteriori. L’ordonnance est donc envoyée en différé. Chez Point Vision, on se soucie essentiellement de l’ophtalmologie de premier recours, c’est-à-dire la consultation de base. »
De six mois... à quinze jours
Depuis le 5 décembre, un décret de la loi Santé permet à tous les orthoptistes travaillant dans des cabinets d’ophtalmologie de réaliser des bilans visuels. Autrement dit, les patients désireux d’effectuer un simple « check-up » de leur vue n’auront désormais plus besoin de passer devant l’ophtalmo. Cette mesure, vivement attendue par la profession, vise à réduire les délais d’attente pour les prises de rendez-vous. Jusque-là, les Français devaient patienter entre 60 et 111 jours en moyenne avant de pouvoir
consulter. « Déléguer le bilan visuel aux orthoptistes est une très bonne chose, confie une ophtalmologue poitevine. En dessous d’un certain âge, si la vue n’a pas bougé, il n’est pas nécessaire de consulter un ophtalmo tous les ans. En revanche, la consultation doit rester primordiale pour dépister des maladies telles que la DMLA ou le glaucome. »
La Haute autorité de santé impose d’ailleurs à chaque patient désireux d’effectuer un bilan visuel de remplir certaines conditions : être âgé de 16 à 49 ans, avoir consulté un ophtalmo dans les cinq dernières années, ne pas se plaindre d’une baisse brutale de la vue... Quinze jours après la parution du décret, la nouvelle réglementation semble déjà porter ses fruits. Sur le site de Point Vision, le délai d’attente est passé de six mois en moyenne à... quinze jours !