Coup d'oeil sur la classe 2.0

Savez-vous que l’école du futur se dessine en partie… à Poitiers ? Opérateurs publics, entreprises et laboratoires de recherche travaillent sur les modes d’apprentissage de demain. Ce qui attend nos enfants n’a rien à voir avec la classe de papa…

Romain Mudrak

Le7.info

L’école de demain sera numérique ou ne sera pas. Dans un monde où les ordinateurs, tablettes, smartphones associés à Internet ont intégré tous les aspects de la vie quotidienne, l’éducation n’allait pas y échapper. Mais tous les spécialistes s’accordent à dire que le matériel, seul, ne suffira pas à doper les apprentissages.

Selon Jean-Michel Perron directeur de la R&D sur les usages du numérique éducatif au sein de Canopé, « la transformation des espaces d’enseignement constituera une première question majeure ». Sur la Technopole du Futuroscope, il a équipé son « atelier Canopé » d’un tableau blanc interactif (TBI) connecté à Internet et de chaises individuelles munies d’un plateau rétractable et de roulettes. « On passe ainsi d’une configuration collective à un travail de groupe en dix secondes. »

Plus largement, cette organisation est promue par les pratiquants de la classe inversée. Un modèle qui a vocation à se diffuser. Les élèves visionnent à la maison des cours en ligne, à la place des devoirs. En classe, ils travaillent en groupe pour mettre leurs connaissances en application.

Manuel scolaire du futur
En parallèle, les ressources numériques se multiplient. Elles viennent d’éditeurs reconnus, privés et publics, ou de professeurs particulièrement dégourdis. « Beaucoup d’applications embarquent désormais des algorithmes qui adaptent le niveau de difficulté des exercices au profil des élèves », insiste Dominique Quéré, directeur académique au numérique éducatif.

Reste à s’y retrouver au milieu de cette richesse. A Poitiers, le laboratoire universitaire Techne planche sur le « manuel scolaire du XXIe siècle ». Nom de code : Remasco. « Nous allons proposer à de nombreux acteurs intéressés par l’école de nous donner leur vision du manuel scolaire », indique Jean-François Cerisier, directeur de Techne. Un appel à projets a été lancé par la région Nouvelle-Aquitaine, pour associer les startups locales. Une maquette sera testée, dès le premier trimestre 2017, pour le programme d’histoire ou de géographie de lycée.

Formation des profs et des élèves
Pour l’instant, ce sont surtout des profs passionnés qui s’emparent du numérique. Si la révolution paraît inéluctable, le salut de cette nouvelle méthode de travail passera par la formation. Des enseignants d’abord. Le ministère de l’Education nationale a prévu trois jours spécifiques, dans le cadre de la réforme du collège. Des élèves ensuite, qui apparaissent contre toute attente « incompétents pour utiliser les ressources numériques dédiées à l’apprentissage », selon Jean-François Cerisier. Pour eux, le codage est entré au programme du primaire. Mais plus que l’informatique, « c’est la culture du numérique » qui devrait être enseignée avec ses enjeux en termes de droit, de sécurité, d’économie, d’identité. « C’est aussi le rôle de l’Education nationale », conclut le directeur de Techne.

Une banque de ressources
Le ministère de l’Education nationale a mis en ligne une banque de ressources pédagogiques, destinée aux enseignants qui s’engagent dans le numérique. Rendez-vous sur ecolenumerique. education.gouv.fr

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