Le recyclage en bonne santé

Une récente enquête de Cyclamed classe l’ex-Poitou-Charentes quatrième région française en matière de recyclage de médicaments. L’an passé, les pharmaciens poitevins ont récolté 210 grammes par habitant. Grâce à une communication toujours plus efficace.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Un sac dans chaque main, Laurent Huillard remonte la rue Carnot. Des poches plastiques, déborde un monticule de boîtes de médicaments, que ce jeune ingénieur s’apprête... à recycler. « Certains sont périmés et d’autres ne me servent pas, alors plutôt que de les jeter bêtement à la poubelle, je les amène tous chez le pharmacien », explique le trentenaire.

Ce geste éco-citoyen, de plus en plus de Poitevins semblent l’adopter, si l’on en croit les récents résultats d’une enquête menée par l’association Cyclamed, agréée par les pouvoirs publics. En 2015, les pharmaciens du Poitou-Charentes ont ainsi récolté 210 grammes de médicaments par habitant (185g en France). Un chiffre en hausse de 2% par rapport à l’année précédente, qui classe l’ex-région quatrième au rang national.

D’année en année, les différentes campagnes de sensibilisation, menées par les organismes de santé, portent leurs fruits. « Nous collectons plus de médicaments qu’auparavant, confirme-t-on dans une officine du Plateau. Les gens nous posent régulièrement des questions sur le recyclage. On les sent plus concernés. » Un propos confirmé par l’éco-organisme Cyclamed, qui vient de lancer une application mobile pour aider les Français à mieux gérer leurs stocks de médicaments(*). « Aujourd’hui, 80% de nos concitoyens déclarent rapporter leurs médicaments non utilisés, précise Bénédicte Nierat, responsable communication chez Cyclamed. Mais ils ne savent pas toujours qu’ils peuvent recycler tous types de médicaments, pas seulement les comprimés. »Sirops, pommades, crèmes, solutions non buvables, sprays, patchs, suppositoires et ampoules peuvent ainsi être collectés par les pharmaciens. Avant d’être récupérés par les grossistes répartiteurs.

Quand les médicaments chauffent les maisons

L’an passé, 12 108 tonnes de médicaments non utilisés ont été déposés dans les 22 182 officines de France. Triés par catégories, les cartons sont acheminés vers l’une des 128 usines d’incinération du territoire, où ils sont détruits dans des unités de valorisation énergétique conformes aux normes environnementales. L’énergie récupérée permet d’ailleurs de chauffer des logements. « Nos clients ne sont pas toujours au courant de cet aspect, explique-t-on à la pharmacie des Couronneries. Certains pensent qu’ils sont envoyés à la déchetterie ou bien redistribués dans des pays en voie de développement. »

Pourtant, depuis janvier 2009, les associations humanitaires ne peuvent plus redistribuer ces médicaments. « Les pouvoirs publics ont suivi les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconisait d’interdire la redistribution humanitaire des médicaments non utilisés du fait, notamment, de problèmes logistiques et de traçabilité », précise Cyclamed. S’il n’est donc plus destiné à soutenir les populations en difficulté, le recyclage des médicaments doit pour autant perdurer. Et suivre la hausse constante des ventes de médicaments.

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