Soins palliatifs : de l'hôpital au domicile

Dans le souffle de l’adoption de la loi sur la fin de vie par l’Assemblée nationale, le Dr Montaz milite pour l’ouverture d’une unité mobile de soins palliatifs dans la Vienne. L’objectif consiste à suivre deux cent cinquante patients par an.

Arnault Varanne

Le7.info

Ils et elles sont vingt-quatre étudiants pas comme les autres, dont le trait d’union tient en deux mots : soins palliatifs. Ils et elles sont aides-soignantes, internes, médecins généralistes, infirmières et ont éprouvé, à un moment donné, le besoin de s’armer de connaissances pour accompagner leurs semblables vers une mort apaisée. « Ce n’est pas parce que vous allez donner la main à quelqu’un que ça va aller », estime le Dr Laurent Montaz, chef du service de soins palliatifs du CHU de Poitiers. Ça ne s’invente pas ! »

Pendant deux ans, les enseignements du Diplôme inter-universitaire (DIU) de soins palliatifs vont donc essaimer auprès de ces professionnels de la région. « Eduquer leurs capacités et leur permettre d’échanger », voilà la finalité du cursus. En troisième année d’internat, Jane Decoust a intégré la nouvelle promotion, pour « se sentir plus à l’aise » avec cette question centrale et, d’une certaine manière, évacuer « une mauvaise expérience » vécue par l’une de ses tantes.

Son stage de six mois au sein du service du Dr Montaz lui avait « apporté beaucoup de maturité ». Mais la généraliste en fin de cycle sait que, demain, elle sera en prise directe avec des patients au bord du précipice. Et que le « confort » d’une unité structurée, sur les plans humain et matériel, sera compliqué à dupliquer dans l’anonymat de son cabinet. « La solitude et la détresse » du médecin de campagne face à des décisions lourdes de sens, Xavier Lemercier les a éprouvées plus jeune. Au point de consacrer sa thèse à « la prise en charge de la fin de vie par les médecins généralistes ».

« Entourer les équipes ambulatoires »

Lui qui exerce désormais au sein de la maison médicale de Vouneuil-sur-Vienne avait été frappé de constater à quel point le ressenti personnel influait sur les pratiques professionnelles. Au fond, tout est affaire de dialogue, de coordination et de… formation. On y revient. Face à une demande grandissante des Français à vouloir mourir chez eux -moins d’un quart y parvient, selon une étude de l’Ined(*)-, le développement des soins palliatifs en dehors du champ de l’hôpital revêt un caractère d’urgence. «Quand on regarde ce qui se passe dans la Vienne, il n’y a pas grand-chose. Passons des mots aux actes et nous aurons sans doute moins de familles en souffrance », avance le Dr Montaz.
Il a déposé une demande auprès de l’Agence régionale de santé, pour que l’unité mobile du CHU puisse « sortir des murs » et suivre deux cent cinquante patients par an. Il faudrait 1,5 médecin en équivalent temps plein, trois infirmières et « des temps d’échange avec un(e) psychologue et une assistante sociale ».

Co-auteur de la loi sur la fin de vie, en cours d’adoption au Parlement, Alain Claeys soutient l’initiative. Une réunion tripartite serait programmée en décembre. Le Dr Xavier Lemercier juge positivement le projet. « Pas tant pour soutenir les proches des patients » que pour « entourer les équipes ambulatoires ». En résumé, éclairer leurs décisions d’un jour nouveau par davantage de collégialité. « Il s’agit d’un élément essentiel de la prise en charge, renchérit le Dr Montaz, mais cette collégialité doit être médico-soignante. La communication, notamment avec les patients et leur famille, est également à privilégier. Soigner quelqu’un, c’est être avec lui et ses proches. Il faut être dans la sincérité et l’écoute. »

(*)Institut national des études démographiques.

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