Le bruit monte le son

Première nuisance perçue par la population, le bruit préoccupe huit Français sur dix. À Poitiers, malgré les efforts de la Mairie pour limiter le niveau sonore, une bonne partie de l’agglomération reste affectée.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

 Dans son appartement du boulevard du Grand-Cerf, Thibaud Mouthuy, 26 ans, n’ouvre que très peu ses fenêtres côté rue. Jour comme nuit, voitures et trains défilent dans un vrombissement incessant. Les soirs de fêtes étudiantes, les jeunes alcoolisés déambulent bruyamment sous ses fenêtres, avant de rejoindre l’une des deux boîtes de nuit du boulevard.

Au fil du temps, le jeune homme s’est habitué, mais peine parfois à trouver le sommeil. Le cas de Thibaud n’est pas isolé. Selon une récente enquête de l’Ifop, 82% des Français se disent préoccupés par les questions relatives aux nuisances sonores.

Bien conscients du fléau, les élus de la Ville et de Grand Poitiers ont employé les grands moyens pour limiter l’impact sur les Poitevins. Vaste campagne d’affichage « savoir-vivre ensemble », cartographie et plan de prévention du bruit dans l’environnement, limitation du trafic routier en centre-ville… Une démarche qui porte ses fruits mais ne suffit pas à endiguer les nuisances.

D’après la carte des secteurs affectés par les transports terrestres, demandée en 2010 par Grand Poitiers, la quasi-totalité de la ville demeure affectée. La faute à des voies étroites, par conséquent bruyantes, en centre-ville, et à des grands axes très fréquentés en périphérie.

68€ pour un tapage

Le transport n’est néanmoins pas la seule source de nuisance sonore. Depuis le début de l’été, la Ville profite du départ en vacances d’une partie de ses habitants pour lancer ses grands chantiers (voir le numéro 270 du « 7 »), au grand dam de ceux qui ont choisi de rester sur les rives du Clain. Pour beaucoup, il est impossible d’ouvrir les fenêtres en journée, malgré la chaleur, sans avoir à supporter le vacarme et la poussière.

Autre fléau, celui du voisinage, bien souvent le plus difficile à contenir, la loi n’étant pas très claire sur la caractérisation des excès. L’arrêté préfectoral du 19 juin 2007 précise ainsi que « la gêne est constatée par les forces de police nationale et de gendarmerie, les maires et leurs adjoints et tout agent communal commissionné et assermenté, sans qu’il soit besoin de procéder à des mesures acoustiques ».

Difficile, par conséquent, de quantifier le niveau sonore à partir duquel le tapage peut être constaté. Cette année, la police est déjà intervenue à 428 reprises en sept mois (46 fois en journée, 382 la nuit). Si, dans la plupart des cas, un simple avertissement suffit à solutionner le problème, il arrive que les forces de l’ordre sanctionnent le tapage d’une amende de troisième catégorie (68€) ou, plus rarement, d’un renvoi devant le juge de proximité. Pour éviter d’en arriver là, la Ville invite à « une bonne cohabitation, qui passe par le respect de l’autre et de quelques règles ». À bon entendeur !

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