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Tous les mois, la rédaction pose ses valises dans l’un des dix quartiers de Poitiers. Pour inaugurer cette nouvelle série, nous partons à la découverte de la Gibauderie, un large territoire dominé par la présence massive d’étudiants en résidence.
Un pôle santé constitué du CHU, de la Polyclinique et du centre Henri-Laborit. Une importante zone commerciale et administrative au Grand Large. Un secteur universitaire qui englobe le campus et la fac de médecine… Le quartier de la Gibauderie est l’un des plus vastes de Poitiers. « Et l’un des plus agréables aussi », s’empresse d’ajouter Philippe Guillard. Le référent du conseil de quartier y vit depuis plus de trente ans. Comme lui, ils sont nombreux à louer la qualité de vie de la Gibauderie. La clé du succès ? L’intergénérationnalité.
Selon les chiffres de l’Insee (*), 18% de la population a plus de 55 ans. A contrario, 54% des résidants ont moins de 25 ans. Les seniors ne se plaignent pas de cette mixité, bien au contraire. « Ça nous donne du tonus, estime Jean-Louis Filloux, fringant sexagénaire et fin connaisseur du quartier. La proximité du campus est une vraie richesse. »
Sans surprise, la surreprésentation estudiantine influe de manière forte sur le type d’habitats. Le quartier de la Gibauderie est composé majoritairement de logements collectifs de petite taille (T1 ou T2). Par ailleurs, 50% des appartements et/ou maisons font moins de 40m2.
Du bébé au retraité
Les quelques barbecues tardifs et les soirées improvisées n’entachent pas cette entente qualifiée de « quasi-parfaite ». « Le quartier est paisible grâce à une bonne mixité entre les habitats, éclaire Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique. La présence forte du secteur hospitalier et un niveau de vie supérieur à la moyenne assurent une stabilité en matière de délinquance. »
La partition de cette mélodie du bonheur comporte une seule fausse note. Des habitants reprochent aux étudiants de la faculté de médecine de stationner longuement leurs véhicules rue de la Gibauderie. Quant aux salariés du CHU, ils ne supportent plus que les élèves de cette même fac envahissent leur parking. Un « problème » mineur dans ce concert de satisfactions. Du bébé au retraité, chacun trouve matière à s’épanouir à la Gibauderie. Les jeunes, notamment, qui bénéficient de nombreuses structures sportives et ludiques. On peut citer la patinoire -qui rouvre début septembre-, le stade Rebeilleau et la piscine de la Ganterie, située de l’autre côté de l’avenue du 11 novembre, du côté du Pont-Neuf. Sans oublier le City-park, inauguré en avril dernier. « Les adolescents le plébiscitent et s’y rendent régulièrement après les cours », observe Gwénael Caillaud, directeur de la Maison de la Gibauderie.
Du propre aveu des habitants rencontrés, les infrastructures scolaires sont, elles aussi, en nombre suffisant. La crèche « Les Lutins », l’école maternelle Evariste- Galois et l’école primaire Saint-Exupéry sont à la limite ouest du quartier, à deux pas du groupe collège-lycée Camille Guérin. « Mes enfants ont fait toute leur scolarité à la Gibauderie ou simplement en traversant la rocade », raconte Philippe Guillard.
Extension progressive
Et le commerce, alors ? Implantées sur les quartiers voisins du Pont-Neuf et de Beaulieu, les deux grandes surfaces Leclerc et Géant Casino sont à deux minutes en voiture. Quant aux petits commerces de proximité (supérette, fleuriste, bar-restaurant, boulangerie, pharmacie...), ils sont réunis dans le coeur historique du quartier.
Déjà très étendue, La Gibauderie pourrait encore s’agrandir. Le CHU et la Polyclinique sont les plus gros employeurs du territoire. Plus ils se développent, plus le nombre de logements alentour augmente, notamment au Pâtis. Les communes de Mignaloux-Beauvoir et de Saint-Benoît bénéficient également de cette attractivité. Depuis quelques années, les jeunes couples affluent. Sans doute attirés par cette image de quartier doré.
(*) Toutes les statistiques sont tirées de l’étude « Portrait de territoire », réalisée par le service « Prospective et coopération territoriales » de Grand Poitiers, en partenariat avec l’Insee.
Trois questions pour un quartier
> Sorti de terre au début des années 2000, le « Pâtis » se cherche une identité. Coincés entre le campus et du CHU, ses habitant ne savent plus vraiment où donner de la tête. Alors à quel quartier le « Pâtis » est-il véritablement rattaché ?
Ernestine Bocage, présidente de l'association de L'Orée Verte et ses riverains. « C'est une longue histoire… Dès le début, en 2004, nous avons vécu une situation paradoxale. Le Pâtis était administrativement relié à la Gibauderie, puisque nos conseils de quartiers se déroulaient à la Maison de la Gibauderie et que nos enfants allaient dans les écoles du coin. En revanche, nous votions à Beaulieu. En 2010, sans concertation, la municipalité nous a informés que nous étions définitivement rattachés à Beaulieu. Aujourd’hui, les petits sont éparpillés sur cinq groupes scolaires différents ! C'est franchement incompréhensible. Nous réclamons que le Pâtis soit reconnu comme un quartier à part entière. Ses 2500 habitants veulent écrire leur propre histoire. »
> Selon l'Insee, les salariés occupant un emploi précaire à temps partiel y sont sur-représentés (26,1%) à la Gibauderie. Ces familles réussissent-elles à s'intégrer ?
Gwénael Caillaud, directeur de la Maison de la Gibauderie et Nicoles Boisnard, trésorière. « Beaucoup ont une vision erronée de la réalité : ils imaginent la Gibauderie comme un quartier vieillissant, où les riches propriétaires sont légion. C'est faux. Nous ne pouvons pas donner de chiffres, mais grâce à l'avis d'imposition demandé lors de l'inscription à la Maison de la Gibauderie, nous constatons que de nombreuses familles ont des revenus modestes. Les parents inscrivent leurs enfants à des activités périscolaires, car ils n'ont pas d'autres moyens de garde. Nous proposons des réunions « Dessine-moi un parent » ou des café-débats au cours desquels les gens peuvent échanger sur les méthodes d'éducation, la sexualité des jeunes, les conduites à risques… Ces rencontres connaissent un franc succès. C'est cela, aussi, l'intégration. »
> La Gibauderie bénéficie d'une réputation de quartier « où il fait bon vivre ». Les logements sont très prisés par les étudiants et les jeunes couples. Cela joue-t-il sur le prix des appartements et des maisons ?
Fabrine Poumarat, agent immobilier. « C'est vrai, la Gibauderie est un quartier extrêmement recherché par les étudiants et les foyers à petits budgets. Les logements de petite surface en location trouvent très rapidement preneurs. Souvent, les propriétaires bailleurs ne passent même pas par une agence et se contentent du « particulier à particulier ». En revanche, les maisons se vendent difficilement. Premièrement, ces habitations ne sont pas récentes, elles datent des années 50 ou 70. Deuxièmement, elles sont mitoyennes, ce qui constitue aujourd'hui un frein majeur. Enfin, les prix ne correspondent pas au marché. En moyenne, une petite maison de 100m2 se vend 1850€ du m2. Honnêtement, c'est beaucoup trop cher. Pour les « écouler », il faudrait que les propriétaires baissent les prix. »
Le campus concentre une grande partie des chantiers du quartier de la Gibauderie. Les riverains n’ont pas pu manquer le changement de visage des facultés de Droit ainsi que de Lettres et Langues. 2 700m2 de bâtiments ont été recouverts d’une couche d’isolation par l’extérieur. 6M€ ont été consacrés à ce chantier livré en mars 2014. L’autre gros dossier géré par la direction du patrimoine de l’université est la création d’un complexe multisalles près de la faculté des Sports. La surface existante a quasiment triplé pour atteindre 6 000m2. Un gymnase, une salle de musculation, un dojo compléteront l’offre existante en janvier prochain pour un montant de 5,5M€. S’ajoute à cela un bâtiment de chimie de 1 700m2 construit côté sciences et livrable le 15 septembre.
> 417,2 hectares… La superficie de la Gibauderie. Il s'agit du deuxième quartier le plus vaste derrière Saint-Eloi-Breuil-Mingot.
> 8609… Le nombre d'habitants à la Gibauderie recensés en 2012. L'Insee a découpé les communes et quartiers en zones : Grand Large (550 habitants), Gibauderie (4215), Milétrie (355) et Les Facultés (3489). Attention, l'Insée incorpore la Pâtis dans la zone des Facultés, alors que la Ville a rattaché ses 2500 habitants à Beaulieu après 2010..
> 15%… La part de la population d'origine étrangère sur la campus en 2006. 45% de la population de plus de 15 ans résidants sur la zone de la Gibauderie ont terminé leur études sans avoir le bac. 23% des habitants sont employés à temps partiels et 26,1% ont un contrat précaire.
> 4…Le nombre de résidences universitaires, toutes situées sur la zone du campus. Selon le Crous, elles peuvent accueillir en tout 2 000 étudiants. Il existe six restaurants universitaires sur le campus et un à la Milétrie.
> 23… Le nombre de commerces situés sur la Gibauderie. On peut citer Coccimarket, Monsieur Bricolage sur la zone de la Gibauderie ; Gémo, Banette, Casa au Grand Large. Ce chiffre n'inclut pas les entreprises de « service » tels que les coiffeurs, les centres d'esthétisme, les blanchisseurs…
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