Ce cher travail du dimanche

Dans la Vienne, l’ouverture dominicale des commerces ressurgit comme un serpent de mer à chaque veille de fêtes. 2012 n’échappe pas à la règle. Pour ou contre une extension ? Les avis divergent…

Arnault Varanne

Le7.info

De l’aveu même de Jean-François Lancelevée (*), le « consensus est fragile ». Depuis 2003, un accord tripartite entre organisations syndicales, patronales et Etat autorise les commerces à ouvrir trois dimanches complets par an, dont deux avant Noël. Mais la crise économique et la pression de quelques hypermarchés poitevins pourraient remettre en cause l’ordre établi. Légaliste, Lionel Marrionnet s’en tient à la réglementation actuelle. Avec ses équipes, le patron d’Auchan-Chasseneuil sera sur le pont les 16 et 23 décembre. « Et je tiens à préciser que tous les salariés travailleront sur la base du volontariat », indique-t-il. 
Niveau rémunération, chaque employé de l’hyper percevra 100% de son salaire -le double d’un jour ouvré donc- et récupérera la journée travaillera dans un délai maximum de quinze jours. Sans dogmatisme, Lionel Marionnet remarque que « la satisfaction des clients » est au moins égale à « l’implication des collaborateurs ». De quoi donner du grain à moudre aux tenants de l’ouverture dominicale tous azimuts des commerces ? « Ce serait l’anarchie totale et tout le monde y perdrait », estime pour sa part Alain Barreau. Le secrétaire général de Force Ouvrière prévient d’avance les « carnassiers du commerce » que la riposte syndicale serait « immédiate » en cas de modification des règles actuelles.

« Très peu pour moi ! »
Elle-même commerçante, Coralie Epin repousse l’hypothèse d’une dérégulation de manière ferme et définitive. « Travailler le dimanche en ayant une vie de famille, très peu pour moi ! » Mais la jeune femme ne s’y oppose pas « si salariés et employeurs sont en accord ». « Personnellement, ça améliore mes fins de mois », estime Aurélien Bouillon, salarié dans un commerce poitevin. L’argument trouve un certain écho chez d’autres salariés. « Après tout, la crise économique impose des efforts pour tout le monde ! », appuie Vincent Morlat.
Le saviez-vous ? À Nantes ou dans d’autres villes de l’Est de la France, les magasins restent portes closes le jour du Seigneur. Question de tradition. La Vienne, qui jouit d’une situation équilibrée -la législation française autorise jusqu’à cinq dimanches par an- restera-t-elle longtemps le bastion de la modération ? « En tout cas, nous ne lâcherons pas de lest… », maugrée Alain Barreau. Le consensus tient toujours.

(*) Jean-Luc Lancelevée est directeur du travail, responsable de l’unité territoriale de la Vienne de la DIRECCTE.
 

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