La morale fait toute une histoire

Dans le journal du dimanche daté du 2 septembre, le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé la mise en place de cours de «morale laïque» à la rentrée 2013. Mais il est resté vague sur le contenu et la méthode. Le «7» a demandé leur avis à plusieurs acteurs de la communauté éducative.

Romain Mudrak

Le7.info

Morale vs instruction civique, quelle différence ?
Cécile Fauchet, professeur des écoles près de Poitiers. Enseigne en CM1. « A l’école élémentaire, on enseigne déjà l’instruction civique et morale. Le programme est très complet. Avec les élèves, j’aborde le respect de soi et des personnes, l’importance des règles dans les relations sociales, le refus des discriminations de toutes natures… Sans oublier les valeurs et les symboles de la République. Ces notions permettent déjà d’apprendre à vivre ensemble. Que va-t-on nous demander de plus ? La semaine dernière, nous avons relu le règlement intérieur en classe. Certains élèves ont commenté, d’autres ont posé des questions, mais, au final, tout le monde a compris pourquoi
il fallait poser des règles. Instaurer des heures de cours institutionnels, pourquoi pas ? Mais, au quotidien, nous dispensons la morale aux élèves. Quand un conflit éclate dans la classe, on s’assoit et on en débat. C’est plus concret. »

Il faut plus d’adultes !
Alexandra Dumas, assistante sociale dans l’académie de Poitiers. « Nous souffrons d’un manque de moyens humains dans l’Education nationale. Pour apprendre la morale, la tolérance et les valeurs du vivre ensemble, les jeunes ont besoin de la présence d’adultes qui leur donnent l’exemple.
D’autant que l’adolescence est un moment angoissant rempli de sollicitations plus ou moins hostiles. Il faut plus d’adultes dans les établissements pour accompagner, entre autres, les enfants qui ont des parents fragilisés et donc moins disponibles pour leur enseigner ces valeurs. Malheureusement, nous ne disposons pas de ces moyens de prévention qui pourraient éviter bien des problèmes. Mon rôle consiste à accompagner les familles les plus précaires, mais je répartis mon temps entre six établissements. Je ne peux pas donner du temps à tout le monde. »

Une affaire de co-éducation
Isabelle Siroy, porte-parole de l’association de parents d’élèves FC PE.
« Les jeunes hésitent désormais à utiliser des insultes sexistes, car ils savent qu’elles peuvent blesser ou être sanctionnées. En revanche, les insultes à caractère religieux ne choquent plus personne. Il faut donc enseigner la morale laïque. Et si on veut transmettre des valeurs communes, c’est à l’école de la République de le faire, puisque c’est le seul endroit où tous les petits Français ont obligation d’aller. Attention, les parents ont aussi un rôle à jouer à la maison dans un principe de co-éducation. Mais les enseignants doivent prendre le relais dans un lieu public comme l’école, où les enfants sont en constante interaction. À travers ces cours de morale, les enseignants formeront des citoyens responsables qui feront vivre la laïcité grâce à des bases communes et solides. »
 

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