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L’échec fait partie de l’apprentissage et l’école reste le bon endroit pour affronter ses difficultés. Si vous croyez que ce constat est partagé, vous vous trompez. Parents, enseignants, managers, patrons ont toujours tendance à valoriser la réussite. Quoi de plus normal ! Sauf que, dans ces conditions, l’échec ne joue plus son rôle pédagogique. Il est associé à une impression négative qui empêche toute progression. Deux psychologues, chercheurs au Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage, laboratoire lié à l’université de Poitiers et au CNRS, ont démontré que
l’interprétation de l’échec par les adultes, et les élèves eux-mêmes, comptait énormément dans le processus d’apprentissage. Leurs travaux ont été publiés dans une revue américaine de référence, The Journal of Experimental Psychology. Frédérique Autin et Jean- Claude Croizet ont soumis leur hypothèse à l’expérimentation. Ils ont demandé à 310 élèves, scolarisés en 6e à Poitiers, de réaliser un exercice beaucoup trop difficile pour eux. A certains, les scientifiques ont expliqué que leurs difficultés puisqu’ils n’avaient pas encore appris cette leçon. Les autres sont restés seuls avec leur sentiment de déception. Résultat, ces derniers se sont ensuite montrés moins performants lors d’un second test, quel que soit leur niveau scolaire.
L’apprentissage requiert du temps
« Ils se sont mis à douter de leurs compétences, assure Frédérique Autin. Dans leur esprit, des questions liées à l’estime de soi sont venues perturber leur concentration. »
La psychologue va plus loin : « Sur le long terme, les enfants élaborent des mécanismes d’auto-handicap pour se pré-
server de ce sentiment d’infériorité. Ils ne révisent pas ou s’y mettent trop tard. » Une façon de se trouver des excuses.
tissage requiert du temps et commence toujours par des échecs. Il ne faut pas le reprocher aux élèves », précise Jean-
Claude Croizet. Oubliez l’idée qu’une intelligence innée serait la seule explication à la réussite !
« Les travaux sur les champions d’échec démontrent que l’expertise résulte de milliers d’heures de pratique. Ce n’est pas un don, poursuit le chercheur. De la même façon, tout le monde finit par savoir faire du vélo. Mais contrairement à ce qui se passe à l’école, le temps de l’échec n’inquiète pas les parents. »
De là à dire que les programmes scolaires pourraient être inappropriés, parce qu’ils définissent des compétences à maîtriser en moins d’un an, il n’y a qu’un pas.
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Nicolas Tié. 24 ans. Ex-gardien de but professionnel à Chelsea et au Vitória de Guimarães. A raccroché les crampons, « dégoûté » par certaines pratiques du milieu. S’engage aujourd’hui dans l’armée. Petit prodige devenu grand. Tatoué, sensible et déterminé.