mardi 24 décembre
Le « Monsieur Zoreille » de Poitiers
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 01 novembre 2011Clément Dominget a quitté la Vienne dans l’urgence pour aller enseigner dans une école primaire originale située à l’intérieur d’un volcan éteint à La Réunion… Vous avez dit étrange ?
31 août 2011. Le téléphone de Clément Dominget sonne. Un responsable de l’Education nationale lui annonce, tranquillement, qu’il doit faire ses valises pour partir à l’autre bout du monde. Trois jours plus tard, l’instituteur atterrit sur l’Ile de La Réunion : « Je pensais reprendre mon poste d’ASH à l’Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (Itep) de Guron, près de Payré. Autant dire que ça chamboulait pas mal mes plans ! »
Le couperet n’est quand même pas tombé sur lui par hasard. Le Poitevin demandait, depuis deux ans, sa mutation sur l’île où vivent son père et la famille de sa compagne. Mais surtout, Clément voulait quitter le Poitou-Charentes, voir d’autres paysages. Et de ce côté-là, il n’a pas été déçu.
Plantons le décor ! L’instit’ a rejoint l’unique école de Mafate, un volcan éteint à trois heures de marche de la première ville. Ancien sprinteur de haut niveau, Clément parcourt le sentier escarpé deux fois par semaine, pour monter et redescendre. Le reste de son temps, il le passe dans le village de 180 habitants. La plupart sont des descendants de serviteurs qui ont cherché à fuir les colons français en grimpant dans la montagne. « Pour se faire une idée, il faut bien imaginer que nous nous situons sur une «îlette». Un petit plateau au-dessus des nuages. Derrière mon « logement de passage », un ravin nous emmène six cents mètres plus bas », raconte le jeune homme.
« Les gens sont coupés du monde, poursuit-il. Ici, les enfants ne dessinent pas des voitures mais des hélicoptères. Ceux-là mêmes qui ravitaillent la cantine de l’école tous les quinze jours. »
Français langue étrangère
L’eau courante et l’électricité, fournie grâce à des panneaux solaires, ne manquent pas. En revanche, on ne surfe pas sur Internet… on barbotte. La connexion par satellite requiert de la patience. Ce qui complique un peu plus encore la préparation des cours des quatorze élèves. « Je m’occupe de tous les niveaux, de la maternelle au CM2, note Clément. Il faut s’adapter. Du coup, je m’enregistre souvent la veille pour que les plus grands puissent travailler seuls devant l’ordinateur. Je viens les voir ensuite régulièrement. »
Les élèves l’ont bien accueilli. Les parents un peu moins : « Pour eux, je reste un représentant de l’Etat. Bien qu’ils m’appellent le «Monsieur» du village, je reste un «zoreille» », plaisante-t-il. Ce terme, désignant les Français blancs de métropole, Clément l’a très vite appris. Mais il doit encore faire constamment l’effort de comprendre le créole qui reste la langue d’usage dans les hauteurs. « Je leur enseigne le français comme je peux. Les élèves sont volontaires, assure l’instit’. Mais quand, moi, j’essaie de parler créole, les gens rigolent ! »
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En marge de son expérience, Clément Dominget revient également sur l'incendie qui ravage des hectares de forêts à La Réunion depuis une semaine :
"Mon ilet se trouve juste en dessous de l'incendie, j'ai reçu ordre de ne pas accueillir les enfants à l'école jusqu'à mercredi par mesure de précaution. L'incendie et le largage d'eau ont fragilisé les sols qui surplombent le village et causent donc des risques d'éboulements ! Depuis mercredi dernier, on assiste à des "pluies" de cendres régulières et on peut régulièrement voir les flammes surgir du rempart formé par le sommet des montagnes."
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