Hier
L’influence bénéfique du jardin et du jardinage sur les corps et les esprits en détresse est connue depuis la nuit des temps. Denis Richard, chef de service de la pharmacie centrale du centre hospitalier Henri-Laborit, aimerait ancrer l’hortithérapie dans les mœurs.
Le fruit de ses réflexions a essaimé tant et tant de graines que lui-même peine à s’y retrouver. « Vingt ? Vingt-cinq ? Trente ouvrages ? Je ne sais plus en j’en suis ». Qu’importent les chiffres. La mission de Denis Richard se situe ailleurs. Dans ce devoir de pédagogie. Dans cette nécessité de l’explication. Sur la vie des plantes. Les dangers des drogues. Les bienfaits des fruits et légumes.
Le responsable de la pharmacie centrale de Laborit a fait de la nature son terrain d’expression privilégié. Aussi ne pouvait-il passer à côté de ce nouveau crédo : éveiller les consciences aux vertus thérapeutiques des jardins et du jardinage. « Les institutions américaines et anglaises ont reconnu, depuis plus de cinquante ans, l’influence du contact avec la flore et la terre sur la santé psychique, physique et morale, soutient-il. La France reconnaît cette obligation à repositionner l’Homme au centre de la nature. Mais elle ne se donne sans doute pas assez de moyens pour arriver à ses fins. »
Une empathie naturelle
pour le vivant
A travers son bouquin « Quand jardiner soigne », le chargé d’enseignement à la faculté de médecine-pharmacie de l’Université de Poitiers n’a pas l’ambition de dépasser les limites de l’initiation. Il espère toutefois que son œuvre servira de « détonateur d’ambitions ». « Les exemples de jardins thérapeutiques existent dans notre pays. Mais je suis certain que l’on peut aller encore plus loin. Dans la Vienne, par exemple, il n’y en a pas. Et pourtant. Il n’est pas besoin de grands espaces. Un petit lopin de terre aménagé suffit. » Des maisons de retraites ou centres hospitaliers, comme ce sera le cas du nouveau pôle gériatrie du CHU, ont leur propre installation. Mais Denis Richard rêve d’espaces plus « ouverts », qui favoriseraient à la fois la mixité sociale et intergénérationnelle, la cohésion familiale et les relations patient-soignant. « Pourquoi ne pas envisager des interventions extérieures, de jardiniers, pépiniéristes ou paysagistes, qui donneraient des conseils de plantation ou de travail de la terre ? Est-ce vraiment insupportable financièrement ? »
Denis Richard l’affirme : l’homme a une empathie naturelle pour le vivant. « Il est notamment prouvé qu’un patient psychiatrique dont la fenêtre donne sur un jardin ou des fleurs a moins besoin d’antalgiques qu’un malade ayant un parking ou du béton pour horizon. » L’exemple fleure bon l’évidence : les jardins régénèrent les corps et les esprits. Pour Denis Richard, l’heure de faire pousser ses idées a sans doute sonné.
« Quand jardiner soigne » par Denis Richard. Editions « Changer d’ère ». Prix 19€.
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lundi 23 décembre