Isabelle Martin à pas de Jahan

Isabelle Martin. 46 ans. Nouvelle gérante des Tourteaux Jahan, à Poitiers. Globetrotteuse et hyperactive. Enchaîne les virages à 180 degrés. Retour sur le parcours d’une entrepreneuse aux 1 000 vies.

Charlotte Cresson

Le7.info

Sa personnalité et son dynamisme marquent ceux qui la côtoient. En effet, Isabelle Martin, gérante des Tourteaux Jahan à Poitiers, transmet une bonne humeur communicative. A seulement 46 ans, l’entrepreneuse a derrière elle une vie bien remplie. Originaire de la Vienne, elle est revenue aux sources en reprenant l’entreprise de la spécialité picto-charentaise. « Je suis Iteuillaise », 
déclare-t-elle fièrement. La commune des vallées du Clain l’a donc vue grandir mais, très vite, Isabelle « a eu la bougeotte ». 
« Mon rêve de petite fille, c’était de bosser dans la communication. J’ai donc fait toutes mes études dans le domaine de la publicité et de la com. Je suis allée au lycée de l’image et du son d’Angoulême, à la fac du Futuroscope (au LP2i, ndlr) puis à Nancy. » Ses études terminées, et comme elle « aime bien découvrir le monde », 
Isabelle a poursuivi son tour de France. A Perpignan, elle a découvert ce qui la fait vibrer : 
entreprendre. Fille d’une enseignante et d’un papa « qui a fait plusieurs métiers », Isabelle Martin n’a pourtant jamais baigné dans l’entrepreneuriat. C’est en se rapprochant du Centre des jeunes dirigeants (CJD) qu’elle a décidé de « sauter le pas ». 
« J’ai trouvé dans le CJD un lieu où je pouvais être en confiance et sereine. J’ai décidé de ne plus me laisser guider par mes peurs. J’en ai toujours, mais elles ne dirigent plus ma vie. » Boostée, elle s’est ensuite sentie capable d’entreprendre et est devenue associée dans la gérance d’une agence de communication de la cité catalane. 


Carpe diem

Mais Isabelle Martin a toujours eu besoin de bouger. A la suite de cette expérience perpignanaise, la jeune femme, d’un tempérament aventurier, s’est mise en quête de défis. « Lorsqu’un rêve est accompli, il faut en avoir d’autres », constate l’entrepreneuse. Les villes et les entreprises s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. « Je suis adepte de la philosophie du carpe diem. La vie est tellement courte qu’il faut en profiter à fond ! », 
explique-t-elle entre deux aller-retours au comptoir pour servir les clients. De nature authentique, elle a été déçue par l’univers de la communication. «C’est beaucoup de paraître. Je me retrouvais à devoir changer de tenue plusieurs fois dans la même journée en fonction des interlocuteurs. J’avais besoin de savoir qui j’étais. » Tout au long de sa vie, elle a suivi son ikigai (raison d’être et joie de vivre en japonais), au point de donner le nom de cette philosophie à son compagnon à quatre pattes. Dans sa vie professionnelle, Isabelle Martin n’a pas eu peur de s’aventurer dans des univers inconnus. Après Perpignan est venu Montpellier, où elle a découvert l’univers du parc de loisirs extérieur dans lequel elle a dû, comme aujourd’hui, jongler entre un statut de cadre et des tâches qu’implique la typologie de la structure. Hier elle a dû resserrer des boulons et s’occuper de l’accrobranche, aujourd’hui elle participe à la production des tourteaux. Et quand l’aventure l’appelle, Isabelle la suit. Fonceuse et curieuse, elle a découvert, à Pau, le service social spécialisé dans le travail en tant que secrétaire générale. Une aubaine pour cette assoiffée de contacts humains.


Retour aux sources

L’an dernier, après ce périple de plusieurs années dans l’Hexagone, l’entrepreneuse-née a voulu se stabiliser à travers un nouveau défi, plus proche des siens. « J’avais besoin d’un endroit où je pourrais mettre en œuvre mes compétences pour que le monde soit meilleur. Je suis intimement convaincue que les entrepreneurs ont la clé du changement. » Peu rassurée à l’idée de créer sa propre entreprise, Isabelle Martin opte pour la reprise. « Je me suis mise à chercher quelle boîte pourrait me plaire. J’en ai visité beaucoup et des très variées, mais j’en voulais une qui avait un impact sur le territoire, une petite structure avec une typicité », se remémore la quadragénaire. C’est donc comme un signe que la reprise des Tourteaux Jahan s’est offerte à elle. « J’ai repris l’entreprise fin août-début septembre 2023. Comme je suis originaire du coin, je connaissais bien les tourteaux fromagers, en particulier ceux de Jahan. D’ailleurs, je n’ai longtemps connu que ceux-là ! » Forte de ses nombreux contacts, acquis au fil de son périple, la gérante reprend l’entreprise avec sept associés financiers. « Je ne connaissais pas du tout le secteur de l’agroalimentaire et, désormais, je fais une grosse partie de production et de la vente en plus de l’administratif. » Aujourd’hui, les Tourteaux Jahan tournent avec trois salariés. 
« C’est une équipe génialissime avec des gens patients, pédagogues et drôles. J’essaie de m’améliorer avec eux.» Et cette super équipe devrait bientôt avoir une nouvelle recrue afin de soulager un peu la patronne. « Actuellement, je fais du 6j/7 donc je suis crevée mais je me régale ! » En reprenant les Tourteaux Jahan, Isabelle Martin se lance le défi de rajeunir l’image de cette spécialité poitevine notamment grâce à un projet jusqu’ici gardé top secret : un livre de recettes qu’elle espère écrire en collaboration avec des cuisiniers. Affaire à suivre donc... Son prochain challenge, lui, est pour bientôt. Les Tourteaux Jahan seront, en effet, au Salon de l’Agriculture du 24 février au 3 mars.

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