Boucles fermées : un algorithme pour gérer l’insuline

Depuis deux ans, le CHU de Poitiers a équipé 122 patients diabétiques de type 1 avec le dispositif des « boucles fermées ». Basé sur un algorithme, il leur permet de mieux vivre au quotidien avec la maladie.

Claire Brugier

Le7.info

Il reste des contraintes, évidemment, car les « boucles fermées hybrides » n’ont malheureusement pas le pouvoir d’éradiquer le diabète de type 1. 
Mais face à un pancréas défaillant qui ne produit pas suffisamment d’insuline, elles marquent une vraie avancée. Impossible à ce stade de la recherche scientifique de faire l’économie du capteur qui mesure en continu la glycémie ou de la pompe à insuline externe. La nouveauté des « boucles fermées » s’appuie sur un algorithme qui fait le lien entre les deux.
« Des études ont montré qu’un patient présentant un diabète de type 1 devait prendre en moyenne 180 décisions par jour en lien avec la gestion de sa glycémie, son alimentation, son activité physique, ses rendez-vous médicaux, son matériel…, note le Dr Xavier Piguel, responsable du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition du CHU de Poitiers. Le dispositif permet d’alléger sa charge mentale mais aussi d’équilibrer son diabète. L’algorithme adapte la délivrance d’insuline à un instant T et anticipe les trente minutes suivantes. » Installé dans la pompe ou dans un smartphone, il transmet les données par Bluetooth. « Les patients doivent être autonomes pour évaluer l’apport en glucides de leurs repas », 
reprend le Dr Piguel. Une éducation diététique s’impose donc, l’insulinothérapie fonctionnelle. Autre impératif : 
« Il faut lâcher prise et faire confiance à l’algorithme. »

Charge mentale

Au sein du service de diabétologie, une infirmière en pratique avancée assure des consultations de pré-installation, « pour aider au choix mais aussi à le confirmer ». Charlotte Collin, 26 ans, ne regrette pas le sien même si « ce n’est pas simple ». 
Diabétique depuis quatorze ans, la jeune femme de 26 ans a d’abord expérimenté la boucle semi-fermée, qui gère uniquement l’hypoglycémie. Depuis un an, elle est équipée de la boucle fermée, pour l’hypo et l’hyperglycémie. « Je n’ai pas véritablement l’impression que ma charge mentale soit allégée. Je pense beaucoup plus aux glucides qu’avant mais mon diabète est plus équilibré car le dispositif corrige ce que je ne fais pas toujours bien. » Ses conseils : « Mettre un peu de distance avec l’insulinothérapie fonctionnelle, ne pas calculer ce que l’on mange au glucide près, faire confiance à la pompe en se disant qu’elle sait gérer. »
Remboursé depuis septembre 2021, le dispositif des boucles fermées hybrides est réservé aux malades équipés d’une pompe à insuline externe depuis au moins six mois. En deux ans et hors pédiatrie (les enfants peuvent être équipés à partir de 2 ans), le service diabétologie du Dr Piguel a accompagné 122 patients, dont 60% de femmes, âgés de 17 à 
74 ans et présentant une moyenne de 23 ans de vie avec le diabète.

À lire aussi ...