Jonathan Alix épate la galerie

Jonathan Alix. 40 ans. Connu aussi sous le nom de Johnny Bionic. Galeriste le jour, DJ la nuit. Ancien programmateur musical de Radio Pulsar. Discret par nature, efficace par devoir. Signe particulier : a ouvert à Poitiers, avec sa compagne Marie, un magasin de meubles et d’objets décoratifs.

Arnault Varanne

Le7.info

Il a grandi entre Loudun et Châtellerault, fait des détours par Grenoble et Tours avant d’atterrir à Poitiers « vers 2009-2010 ». Beaucoup de gens le connaissent sous son nom de scène, Johnny Bionic, héritage de ses premières initiatives : le festival Skate this Art -trois éditions- et l’agence de communication Pixel Bionic. Mais c’est dans le monde de la musique que Jonathan Alix s’est forgé une jolie réputation de DJ. « J’ai longtemps eu du mal à le dire car je ne me considère pas comme un très bon DJ et j’ai appris un peu sur le tas », glisse l’ancien programmateur musical de Pulsar pendant cinq ans, animateur jadis de l’émission Johnny fais-moi mal. Seulement voilà, après autant d’années à ambiancer des soirées privées, des mariages et autres événements, le quadra a acquis une certaine notoriété. Le bouche-à-oreille fonctionne toujours. 
« Une fois, des clients m’ont remercié en me disant que j’avais été discret et efficace. Au fond, ça me va bien. »

Réconcilier les contraires

Dans la Galerie Grand Pré, qu’il a ouverte en octobre avec sa compagne Marie Sebastia, rue Gaston-Hulin, à Poitiers, Jonathan rembobine le fil avec le souci du détail. Sans fanfaronner. Lui le fils de libraire de livres anciens -François, frondeur de la première heure contre le projet de Naturascope de Monory (cf. Le 7 n°510)- a « toujours eu la bougeotte ». De ses années de môme, il retient cette « liberté absolue » de jongler entre foot, pêche et coups de main réguliers sur la ferme de ses grands-
parents. Et aussi son apprentissage de la ville, au moment du divorce de ses parents. « Quand je me suis retrouvé au 9e étage d’un immeuble à la plaine d’Ozon, j’ai trouvé ça bizarre. » Celui qui se définit comme « un hyperactif calme » aime réconcilier les contraires, héritier d’une « bourgeoisie intello » du côté paternel et d’une classe « prolo-populaire » 
côté maternel.

Depuis toujours, Jonathan marche à l’envie, aux coups de cœur. La musique constitue son fil rouge autant que son garde-manger. Car bosser la nuit finit par fatiguer, y compris les plus travailleurs. « C’est une qualité, mais le défaut, c’est de ne jamais savoir s’arrêter. » 
Le jour, l’ancien éboueur, employé d’usine ou encore saisonnier dans les champs s’adonne à une autre passion. Il chine dans les vide-greniers, les ressourceries ou sur Leboncoin des objets déco « des années 50 à 80 » qu’il revend avec Marie sur Internet et désormais dans une boutique. Sa première, Chez Johnny, dans la Grand’Rue, a fait long feu. 
« Le paradoxe, c’est que nous vendons au Canada, au Japon, au Canada ou en Nouvelle-
Zélande, mais nous n’avions pas de visibilité localement. » Sa 
« chasse aux trésors » s’accompagne parfois d’anecdotes savoureuses. Comme ces fauteuils bas design achetés en 1979 par une grand-mère de 91 ans et fabriqués à Cholet. Ils ont une histoire et, au fond, le galeriste s’intéresse presque davantage au destin du mobilier d’antan qu’à ses propres talents de commerçant.

« C’était juste 
différent ! »

« Pas très bon vendeur », Jonathan commence en revanche à se faire une réputation dans le milieu de l’objet ancien grâce à son œil aiguisé. Revient cette question de la légitimité quand on n’est pas du sérail. Il se la pose régulièrement, « au fond des bois » dans sa maison d’Ayron comme en plein cœur de Poitiers. Le temps passe aussi, qui donne l’impression de « ne plus avoir tous les codes, d’être à côté de la plaque ». Ça vaut surtout pour Johnny Bionic et ses 
« doubles », DJ Selector mi amor et Caalmos. « Attention, précise-t-il, ce n’était pas mieux avant, c’était juste différent ! » 


Calmos, vraiment ? Même s’il n’est « pas toujours évident de jongler avec toutes les casquettes », Jonathan n’envisage pas de freiner ses ardeurs. 
« Pas hyper à l’aise en groupe », le « bulldozer » assumé profite du présent et regarde devant. Où sera-t-il dans dix ans ? « Peut-être encore à chiner des meubles ! », répond-t-il du tac au tac. Il est rentré chez Radio Pulsar à 30 ans, a ouvert sa galerie à 40... Après tout, les chasses aux trésors peuvent bien durer toute une vie.

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