L’envol des recycleries

La création de nombreuses recycleries ces dernières années dans la Vienne n’est pas anodine. La dernière-née, Zeste de Colibris, a fait son nid à Neuville-de-Poitou mi-novembre.

Claire Brugier

Le7.info

Une nouvelle enseigne a fleuri à Neuville-de-Poitou, au 18 rue Michelet. Derrière les larges portes coulissantes d’un ancien entrepôt, un drôle d’oiseau a fait son nid, une recyclerie baptisée Zeste de Colibris. Une multitude d’objets du quotidien, fruits d’une collecte de dons débutée en septembre, y sont soigneusement rangés par catégorie (vaisselle, vêtements, CD, petit mobilier, etc.), arborant des pastilles de couleur en-deçà de 4€, des prix au-delà.

Chloé Genevaise a mûri ce projet pendant près de deux ans. Avant, la Neuvilloise a eu une autre vie professionnelle, dans la communication. Elle y a mis fin pour inscrire son avenir dans l’économie sociale et solidaire (ESS). « J’ai toujours été engagée dans une démarche environnementale", explique l’intéressée qui a pu compter, pour mener à bien sa démarche, sur une dizaine de bénévoles acquis à sa cause mais aussi sur les retours d’expérience de ses homologues d’autres recycleries. "J’ai découvert dans l’ESS un monde où l’entraide est le maître-mot », 
glisse la fondatrice de la dernière-née des recycleries de la Vienne. Mais certainement pas la dernière. D‘autres projets sont déjà en germe, dans la Vallée du Clain notamment.

Combler le retard

Le seul réseau ReNAITRe (Réseau Nouvelle-Aquitaine des initiatives territoriales du réemploi) compte onze adhérents dans le département, contre deux il y a trois ans. « ReNAITRe résulte de la fusion en 2019 des réseaux Limousin (2012) et Aquitaine (2017). Il n’en existait pas dans l’ex-région Poitou-Charentes, explique Clémence Souchard. Le maillage s’y est donc fait plus tardivement, d’où le nombre de recyleries/ressourceries émergentes. » La chargée de mission reconnaît aussi « des volontés politiques », la loi Agec (anti-gaspillage pour l’économie circulaire) en 2020, la feuille de route Néo Terra de la Région, la réglementation européenne ainsi que les appels à projets de l’Ademe et de la Région favorisant les implantations.

Néanmoins « il y a encore de la place pour des porteurs de projet ». Des zones blanches perdurent, à l’est du département notamment.

Fréquentation en hausse

Créée en 2014, La Regratterie, à Migné-Auxances, a fait des matériaux sa spécialité, à destination du grand public, des acteurs culturels de Grand Poitiers -sa cible originelle- mais aussi des artisans. En charge de la communication, Aurélie Joly y constate une fréquentation en hausse. « Il y a trois ans, nous accueillions environ 250 visiteurs par mois, aujourd’hui plus de 500. » De peu sa cadette (2015), Mélusine, à Lusignan, accepte toutes sortes de ressources mais s’est spécialisée dans la réparation électrique et électronique. Terry Mougenot, facilitateur, y constate aussi un afflux croissant. « Face aux contraintes financières, les gens cherchent des solutions alternatives pour acheter à moindre coût. Beaucoup comprennent aussi que la planète n’est pas extensible », avance-t-il. « Les gens ont de moins en moins de complexe à acheter des objets qui ont déjà servi », confirme Thierry Brault, du Recyclarium à Loudun, qui détourne environ 40 tonnes d’objets par an. A Naintré, Le Ressort a déjà récupéré 120 tonnes depuis son ouverture fin novembre 2022. Partout les circuits sont similaires : dons, conteneurs en déchetterie… Partout des emplois sont créés. Partout aussi plane la problématique des locaux. Vite étroits, ils pèsent lourd dans les charges des structures.

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